5ème de Carême
Tout être humain a l’idée du bien et du mal… Mais nous sommes parfois aveuglés par notre jugement. Dans cet évangile (de la femme adultère) il y a deux sortes de regard : le regard de la condamnation et le regard de la libération.
En moi, ma conscience, il y a une loi qui me juge. Ce juge est bon puisqu’il défend le bien. Mais je ne dois pas défendre le bien en faisant le mal. « Ne rendez pas le mal pour le mal », « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous maudissent » dit Jésus.
S’il y a une loi, c’est qu’il y a un législateur, quelqu’un qui dit la loi. Ce législateur c’est Dieu, qui ne se trompe pas sur le bien.
Si la conscience se faisait juge du bien et du mal, elle prendrait la place de Dieu. Je ne peux pas dire que le mal est bien. Je n’ai pas à décider du bien et du mal, j’ai à juger si ce que je fais correspond ou pas au bien ou au mal. Jésus nous apprend à juger des actes, à appeler par leur nom les actes mauvais mais il nous apprend à les distinguer des personnes. Nous ne pouvons pas enfermer une personne dans l’acte mauvais qu’elle a commis. Jésus ne veut pas que nous fassions ce raccourci qui consiste à dire « tu as volé ; tu es un voleur », « tu as menti ; tu es un menteur. », comme si le mal avait recouvert toute la personne. C’est une manière de figer les personnes, de désespérer de la possibilité que Dieu leur offre d’être sauvées.
C’est pour nous que Jésus enseigne : « que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. » Reconnaissons le mal pour ce qu’il est, séparons-nous en mais ne pensons pas que les personnes ne sont pas réconciliables. Saint Josémaria disait : « pour sauver une âme, j’irai jusqu’aux portes de l’Enfer. »
Une seule phrase de Jésus a suffi pour ramener la lumière dans la conscience de ces hommes qui voulaient condamner. Jésus les a ouverts à la justice. Jésus est le Juste. Il nous apprend à pardonner les péchés des autres parce que nous aussi sommes pécheurs et avons besoin du pardon. Il a sauvé la femme mais il a aussi sauvé ces hommes de l’aveuglement. Jésus n’est pas venu pour condamner mais pour sauver ce qui était perdu. La femme aussi était perdu, à cause de son adultère ; Jésus l’a sauvée : « Va et ne pèche plus. » Le salut consiste dans la participation à la vie nouvelle apportée par le Christ. Il est premier. Je peux me tourner vers Dieu, m’ouvrir à sa présence parce qu’Il vient à ma rencontre comme Sauveur. Ce que Jésus veut, c’est nous sauver ; ce qu’Il attend de nous : c’est de nous laisser sauver. Car Jésus ne nous sauve pas sans nous. Il donne le salut mais c’est à nous de le recevoir, de le laisser entrer dans notre vie.
Elle n’est pas étrange l’attitude de Jésus. On pourrait penser que c’est bien peu sérieux ! on lui amène une femme surprise en flagrant délit d’adultère, on attend la sentence de sa part, et il dessine sur le sol. Jésus ne peut pas se ranger du côté des accusateurs, ni du côté de la femme pour l’instant identifiée à son grave péché. Jésus est venu sauver, Il ne peut rajouter un regard accusateur sur la femme.
Quand le regard de la condamnation aura cessé, le regard de la libération pourra se poser et le salut commencer. Jésus pose le regard de la miséricorde qui dit « tu vaux plus et mieux que ce que tu as fait, que ton péché. » Cette phrase nous ne pouvons l’entendre qu’à la condition de reconnaître notre péché mais aussi qu’à la condition de reconnaître que le salut que Jésus nous apporte est possible, est plus grand que notre misère. Quand tous les autres furent partis « il ne reste que tous les deux : la misérable et la miséricorde. » (St Augustin) A tout péché miséricorde, oui ! à condition de nous ouvrir à la miséricorde ; à condition de reconnaître notre misère, de la nommer.
Le péché nous sépare de la communion avec Dieu. La miséricorde nous rétablit dans la communion et nous y donne accès.
Abbé Pierre PEYRET
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