Déclaration de Mgr Olivier de Germay après la publication du rapport de la Ciase
Le rapport de la Ciase a été publié ce matin. Les chiffres qu’il donne dépassent ce que l’on pouvait imaginer. Derrière les chiffres, il y a des personnes, des vies souillées, meurtries, brisées. Personnellement, ce rapport me bouleverse, m’écoeure et me scandalise. Les personnes victimes que j’ai rencontrées m’ont aidé à prendre conscience du traumatisme que représentent ces actes odieux. J’ai honte de ce qui s’est passé, de ces actes inqualifiables, mais aussi de la façon dont ces affaires ont été traitées. Ces chiffres effroyables montrent que, dans le passé, l’Eglise a été défaillante en voulant gérer en interne ces questions. Elle n’a pas su ou pas voulu voir ce qui se passait et a mis bien du temps à réaliser l’ampleur du phénomène.
Des personnes victimes ont eu le courage de parler, parfois grâce à des associations. On a pu parfois se sentir agressé par de telles associations, mais il faut bien reconnaître qu’elles ont permis de faire avancer les choses. C’est en partie grâce à la Parole libérée, à Lyon, que l’Eglise qui est en France a mandaté une commission indépendante pour faire la vérité et aboutir à la publication de ce rapport.
Dans le diocèse de Lyon, entre 1950 et aujourd’hui, 76 cas de prêtres et religieux auteurs d’abus sexuels ont été recensés, dont 49 sur personnes mineures. Mais le rapport établit que de nombreuses personnes victimes ne se sont pas fait connaître.
La publication de ce texte est douloureuse. C’est un choc pour l’Eglise. Ce choc sera salutaire s’il est l’occasion de regarder la réalité en face et de prendre les mesures nécessaires. Le rapport Sauvé révèle également l’ampleur, que l’on ne soupçonnait pas, des abus sexuels dans l’ensemble de la société. Cela ne diminue pas la responsabilité de l’Eglise. Elle peut cependant ouvrir la voie d’un véritable changement au sein de la société tout entière.
Certaines des mesures préconisées par le rapport ont déjà été mises en place, mais le président Sauvé nous demande d’aller beaucoup plus loin. Il préconise des réformes structurelles que nous étudierons dès notre prochaine assemblée plénière à Lourdes.
En terminant, je voudrais redire aux personnes victimes notre honte et notre compassion. Au nom de l’Eglise, je leur demande pardon.
Je voudrais également inviter les fidèles laïcs à affronter cette épreuve avec courage. Je pense aussi aux innombrables prêtres, diacres ou consacrés qui se mettent humblement et quotidiennement au service des autres. Nous sommes fiers de l’Evangile qui demeure une Bonne Nouvelle pour notre temps. Mais nous avons honte de ce qui s’est passé, et nous ne devons pas craindre que la lumière soit faite. Ensemble, travaillons à restaurer la confiance.