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Prendre soin de la création et du pauvre.
By admin | 25 mars 2019 | Category Uncategorized
Frères et sœurs bien-aimés de Dieu : nous le sommes vraiment ! Dieu nous le montre sans cesse, dans la bonté de la création, dans l’attention qu’Il nous porte sans cesse. Elle est belle la sensibilité de Dieu à notre égard, une sensibilité pleine d’amour, touchante : « J’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple… Je suis descendu. » Dieu ne reste pas loin, Il s’implique dans l’histoire des hommes, Il vient sur notre terre, Il désire nous faire participer à sa bonté, nous y faire revenir, que nous portions des fruits de bonté dans chacune de nos vies.
Jésus, dans l’Evangile, emploie une image tiré du sol pour nous inviter à la conversion : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le ! À quoi bon le laisser épuiser le sol ?” Le peuple hébreu était opprimé par la puissance de Pharaon et la terre est opprimée par une sorte d’abus. Tout est lié : l’approche écologique et l’approche sociale ; le soin de la terre et le soin des pauvres.
Si Moïse entend la voix de Dieu, c’est parce qu’il a pris le temps de s’arrêter, de regarder un phénomène extraordinaire au milieu d’un buisson. La création nous apprend sur nous-mêmes, nous invite à écouter Dieu : d’un côté, une grande mission pour Moïse, de l’autre une humble tâche pour le vigneron qui cherche à sauver un arbre en en prenant soin et qui nous apprend ainsi à nous amender comme on amende un arbre. Vous me permettrez cette question facétieuse : Comment engraissons-nous dans ce carême ? Comment misons-nous sur un autre style de vie ?
Dieu envoie Moïse chez Pharaon : « Tu feras sortir d’Egypte mon peuple. » afin de le délivrer de l’esclavage, de le conduire à la liberté. De quoi ? De qui devons-nous être délivrés ?
Le pape François a écrit : « Un changement dans les styles de vie pourrait réussir à exercer une pression saine sur ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et social. C’est ce qui arrive quand les mouvements de consommateurs obtiennent qu’on n’achète plus certains produits, et deviennent ainsi efficaces pour modifier le comportement des entreprises, en les forçant à considérer l’impact environnemental et les modèles de production. C’est un fait, quand les habitudes de la société affectent le gain des entreprises, celles-ci se trouvent contraintes à produire autrement. Cela nous rappelle la responsabilité sociale des consommateurs : « Acheter est non seulement un acte économique mais toujours aussi un acte moral ». LS206
Dieu a entendu la misère de son peuple et la terre que foule les pieds de Moïse est sainte : nous devons « reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice… pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres… Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature. » LS139
Le vigneron de l’Evangile accomplit son travail consciencieusement, il prend souci du figuier, il le protège d’une destruction rapide. « La logique qui ne permet pas d’envisager une préoccupation sincère pour l’environnement est la même qui empêche de nourrir le souci d’intégrer les plus fragiles, parce que « dans le modèle actuel de ‘succès’ et de ‘droit privé’, il ne semble pas que cela ait un sens de s’investir pour que ceux qui restent en arrière, les faibles ou les moins pourvus, puissent se faire un chemin dans la vie ». LS196
Entendons cette semaine l’appel à être des consommateurs responsables, conscients du fruit que nous devons porter pour notre monde. La bonté, même celle de nos achats, passe par la proximité, l’équité, l’attention au travail de chacun et à ce qui respecte le mieux la dignité du producteur. Portons dans cette Eucharistie le fruit de la terre et de notre travail, et celui des hommes qui nous aide aussi à bien vivre.
Abbé Pierre PEYRET +
Read MoreRepartir du Christ
By admin | 20 mars 2019 | Category Uncategorized
Au début du carême nous avons demandé à Dieu une conscience amoureuse du monde. La semaine dernière nous avons accueilli la création comme un don de Dieu en rejetant la tentation de nous comporter en maître absolu. Aujourd’hui nous voilà sur la montagne avec Jésus, entrant dans sa prière, dans ce lien unique qu’Il a avec son Père et l’Esprit-Saint. Il nous invite à aller à la source de la vie. La Transfiguration est une manifestation de la nature divine de Jésus mais elle est aussi une aspiration à un renouvellement de toute la création, la promesse de la réalisation de notre vocation dans le Christ mais à deux conditions : écouter Jésus et redescendre de la montagne. Nous sommes invités à repartir de Jésus sans cesse, à le contempler, à L’imiter. En fait, si nous sommes unis à Jésus, notre vie se transforme, nos relations avec les autres, avec le monde, notre lien à la création. Notre conversion durant se carême est à la mesure de notre union à Jésus, de notre obéissance à sa Parole. Est-ce que je prie plus ? Est-ce que j’écoute davantage la Parole de Dieu durant ce carême ? Suis-je capable de découvrir la présence de Dieu dans ma vie, dans la création ?
Avec le psalmiste nous avons chanté : « Je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. » Ps Avant le péché « le reflet de la Trinité pouvait se reconnaître dans la nature. » « La grandeur et la beauté des créatures font contempler, par analogie, leur Auteur » LS12 Chaque créature nous dit quelque chose de la beauté, de la grandeur, de l’être de Dieu. Sorties des mains de Dieu, « Les créatures tendent vers Dieu. » Toutes les créatures sont en relation et c’est la clef de notre propre épanouissement. Nous sommes invités à sortir de nous-mêmes « pour vivre en communion avec Dieu, avec les autres, avec toutes les créatures… Tout est lié, et cela nous invite à mûrir une spiritualité de la solidarité » LS240 Etre à l’image de Dieu Trinité, c’est vivre en relation, sans jamais nous couper ni de Dieu, ni des autres, ni de l’environnement qui est notre lieu vital. Il faut redescendre de la montagne parce qu’il n’y a pas d’autre monde dans lequel l’homme puisse vivre. Jésus est venu sauver l’homme sur cette planète. Il ne s’agit pas de sauver la planète mais l’homme uni à cette planète en « reconnaissant les liens par lesquels le Père nous a unis à tous les êtres ». LS220
Habiter le monde comme chrétien, c’est aussi savoir reconnaître l’œuvre de Dieu dans chacune de ses créatures. Saint Jean de la croix emmenait ses frères dans la nature pour leur apprendre l’adoration de Dieu. Prendre le temps de la contemplation de la Création, c’est se donner la possibilité de contempler l’œuvre de Dieu et de Le trouver dans le silence dans lequel il nous parle. En fait, la Création est aussi une Parole de Dieu, un livre dans lequel Dieu nous parle. « Nous sommes appelés à reconnaître que les autres êtres vivants ont une valeur propre devant Dieu et par leur simple existence ils le bénissent et lui rendent gloire » LS69
C’est souvent ce qui manque à l’homme moderne, Il s’est coupé de la source de sa vie, de Dieu. « Leur Dieu c’est leur ventre… ils ne pensent qu’aux choses de la terre. » Ph
« Plus le cœur de la personne est vide, plus elle a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer. » LS204 Ce phénomène psychologique est bien connu, la consommation devient compulsion.
« Le marché tend à créer un mécanisme [consumériste compulsif] pour placer ses produits, les personnes finissent par être submergées, dans une spirale d’achats et de dépenses inutiles… Ce paradigme fait croire à tous qu’ils sont libres, tant qu’ils ont une soi-disant liberté pour consommer. » LS203
Allons à la rencontre du Seigneur, entrons dans le mystère de sa présence, présence d’immensité dans la création, présence de grâce en nous, présence encore plus grande quand Il transfigure le pain de la terre en son vrai Corps pour nous unir plus intimement à Lui.
Abbé Pierre Peyret
Read MoreRepousser la tentation, recevoir la création comme un don.
By admin | 12 mars 2019 | Category Uncategorized
Jésus va au désert pour nous ; Il mène le combat contre la tentation pour nous aussi. Nous sommes entrés en carême pour mener ce combat, car le mal nous concerne tous, même s’il cherche à entrer dans nos vies par des portes différentes.
La tentation est un piège mais nous pouvons en faire l’occasion de choisir le bien, de re-choisir la volonté de Dieu, de Le suivre Lui et non pas notre envie, l’accomplissement de nos caprices, de nos désirs.
La 1ère et la 2ème tentation, « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. », « Je te donnerai tout ce pouvoir », que Jésus repousse, nous rappellent que la vie, la Création, est un don de Dieu. Par sa Parole et son seul pouvoir, Dieu a fait le ciel et la terre. Il a donné à notre monde ses lois. La plus petite créature a sa raison d’être dans la grande organisation du monde. Pourtant « nous avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs » et « la violence qu’il y a dans le cœur humain blessé par le péché se manifeste aussi à travers les symptômes de maladie que nous observons dans le sol, dans l’eau, dans l’air et dans les êtres vivants. » LS2
« L’homme ne se crée pas lui-même… Le gaspillage des ressources de la création commence là où nous ne reconnaissons plus aucune instance au-dessus de nous, mais ne voyons plus que nous-mêmes. » Benoît XVI LS6 « Transforme ces pierres en pain » est la tentation la plus grande aujourd’hui avec les progrès de la technique qui nous fait croire parfois que nous pourrions créer la vie, la manipuler à notre guise, la transformer à notre goût. L’homme mais aussi les animaux, les plantes deviennent alors des objets, des choses que je pense pouvoir faire et défaire (si j’écrase une fourmi ; puis-je refaire la même ? pourquoi l’écraser ?).
Il y a quelque chose de très simple que nous pouvons faire et que nous rappelait la 1ère lecture : avoir de la reconnaissance pour les dons que Dieu nous fait dans la Création. C’est le sens du bénédicité, cette petite prière que nous disons au début du repas. Par là nous reconnaissons le bienfait que Dieu nous donne dans la nourriture, le travail des hommes et nous nous rappelons que la nourriture est précieuse. Prier, nous ouvre à qui est dans le besoin.
La technique est fascinante, elle nous éblouit… elle peut nous aveugler. « Les techniques donnent à ceux qui ont la connaissance, et surtout le pouvoir économique d’en faire usage, une emprise impressionnante sur l’ensemble de l’humanité et sur le monde entier. Jamais l’humanité n’a eu autant de pouvoir sur elle-même et rien ne garantit qu’elle s’en servira toujours bien, surtout si l’on considère la manière dont elle est en train de l’utiliser. » LS104
La terre est un don gratuit que nous avons reçu et que nous sommes chargés de transmettre, en la conservant belle. Il nous faut renoncer à vouloir tout avoir, tout dominer. Est-ce que nous acceptons quand nos parents nous disent « non » ? et nous, adultes, acceptons-nous d’avoir des limites ? de nous donner des limites ? « Si la terre nous est donnée, nous ne pouvons plus penser seulement selon un critère utilitariste d’efficacité et de productivité pour le bénéfice individuel. » LS159 Nous devons voir plus loin que la seule facilité, actuelle, pour nous seuls aujourd’hui. Le carême nous invite à revisiter notre manière de consommer, à ne pas entrer dans une course à la technologie en ignorant les conséquences.
Notre monde a besoin de retrouver le sens de l’étonnement, de l’émerveillement, de retrouver son âme. L’homme est bien plus que ce que les mathématiques ou la biologie en dit ou en fait.
Allons au désert avec Jésus : au milieu de la nature qui nous dit la beauté de Dieu ; dans le silence d’une église au pied du tabernacle où nous attend sa présence ; au fond de notre cœur, la chambre la plus retirée. Rencontrons de nouveau Dieu dans l’adoration et l’écoute de sa Parole. Il sera notre force dans la tentation.
Abbé Pierre Peyret +
Read MoreCarême : prendre soin de la maison commune.
By admin | 7 mars 2019 | Category Uncategorized
Mercredi des Cendres
Revenir au Seigneur de tout notre cœur, depuis le centre de notre personne, là où nous prenons toutes nos décisions : le Seigneur nous montre le chemin, Il nous en donne les moyens..
Le carême : un temps pour se décider. « Renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. » Si Dieu nous invite à une conversion réelle, intérieure, il prescrit aussi un jeûne, une aumône, une manifestation extérieure.
« Tout est lié. » Notre âme et notre corps, nos actions et la création : Nos gestes, nos attitudes ont une conséquence sur notre monde, sur les autres. Nous sommes invités à une conversion personnelle mais aussi communautaire, ensemble ; nous sommes liés les uns aux autres. « Réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte… Le Seigneur a eu pitié de son peuple. » nous dit encore Dieu par le prophète Joël.
La conversion à laquelle nous invite le carême est une conversion pour prendre soin de notre maison commune, une conversion qui nous permette d’avoir selon le mot du Pape « une conscience amoureuse du monde », de tout le monde.
Mettre en cohérence notre foi chrétienne et notre mode de vie. Unité de notre être d’homme : cœur et corps ; corps, âme et esprit. « Tout est lié. »
Quel est ce salut que nous avons à accueillir ? Pour qui ? Pour quoi ? Toute la création gémit dit saint Paul. Cette sœur crie en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle. Laudato Si 2
Nous voudrions vivre ce carême comme un vrai temps de conversion qui soit aussi une conversion écologique (LS 216), d’une écologie tout humaine. La terre n’est pas une mine à exploiter ou une réserve à vider ! Elle est une maison à habiter. Habiter notre maison, notre maison commune : la terre et notre humanité.
La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit. LS222 Le jeûne nous libère de vouloir tout posséder, tout dévorer.
La sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice…. On trouve satisfaction dans les rencontres fraternelles, dans le service, dans le déploiement de ses charismes, dans la musique et l’art, dans le contact avec la nature, dans la prière. LS223
Pour changer le monde concrètement, chacun personnellement a besoin d’une profonde transformation intérieure mais aussi nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous… beaucoup d’efforts échouent à cause de l’opposition des puissants, mais aussi par manque d’intérêt de la part des autres.
La conversion est une démarche à la fois personnelle et collective tournée vers soi (jeûne), tournée vers l’autre (aumône) et tournée vers Dieu (prière).
Tournons-nous ensemble vers Dieu qui nous accueille comme son peuple dans sa miséricorde. Passons de la consommation au sacrifice, de l’avidité à la générosité, du gaspillage à la capacité de partager. LS 9
Prenons un temps de recueillement pour choisir dès maintenant sur quoi faire porter notre effort de jeûne, un jeûne personnel mais aussi est-il possible de lui donner une dimension communautaire ? Que notre jeûne devienne un engagement dans la charité, un service dans l’Eglise. C’est l’aumône que le Seigneur attend de nous. C’est ce que nous Lui confions au début de notre chemin vers Pâques. Remettons-le Lui dans cette eucharistie en priant les uns pour les autres.
Abbé Pierre PEYRET +
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