Vous m’appelez Maître et Seigneur.
« Vous m’appelez Maître et Seigneur. » Frères et sœurs bien-aimés nous Le reconnaissons comme tel Jésus, parce que nous sommes ses disciples, parce que nous avons tant à recevoir de Lui, parce que nous ne voulons pas que notre amour soit moins grand que le sien, même si nous savons que sans Lui nous ne pouvons réaliser ce désir. Nous voulons L’aimer réellement comme notre Maître et Seigneur et nous laisser inspirer totalement par Lui.
Nous nous attachons à ses enseignements, sans vouloir rien en perdre, un enseignement que Jésus délivre tout au long de ses trois années de vie publique mais encore plus dans ces trois jours saints que nous vivons maintenant. Ils sont la quintessence de sa vie terrestre, le sommet de sa mission. Jésus enseigne par sa Parole qui a pris forme humaine (une langue locale, des mots d’un alphabet particulier) mais Il est tout entier Parole divine : Il enseigne avec tout ce qu’Il est, par sa vie, par ses attitudes, par ses gestes, par son regard même. « Vous m’appelez Maître et Seigneur », et le Maître, indépassable, et le Seigneur, de tout l’univers, se fait Serviteur.
Il faut à un moment que les mots touchent le cœur, que les paroles prononcées soient vraiment comprises, pas seulement entendues, qu’elles soient écoutées, obéies et qu’elles transforment réellement la vie des disciples. Il faut que la parole soit vécue, qu’elle devienne chair. Dans l’Ancien Testament il arrivait que le prophète pose un acte symbolique : tel Jérémie portant un joug d’animal sur son cou ou creusant un trou dans le mur de sa maison pour s’enfuir de nuit. Avec Jésus, nous ne sommes pas dans le symbolique. « Je vous ai donné l’exemple… Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma Parole. » La fidélité du disciple ne peut pas être symbolique.
La fidélité ne dépend pas de l’appartenance sociale ; elle ne dépend pas de l’appartenance à un groupe : Judas faisait partie du groupe des Apôtres. Cela n’a pas suffi. Plus on est en vue, plus on a de responsabilité, plus on doit donner l’exemple : être fidèle au Maître, à Jésus, à sa Parole, à ce qu’Il a transmis à la Sainte Eglise fondée sur les Apôtres. Nous sommes tous responsables de l’Eglise, nous sommes tous responsables du visage de Jésus aujourd’hui, ce visage des chrétiens.
Comme prêtre rien ne m’appartient, j’y suis soumis : les vérités de la foi, les paroles sacramentelles par lesquelles Jésus agit dans nos vies, la Présence du Seigneur dans son Corps et son Sang, les exigences morales de l’Evangile.
L’autorité du prêtre ne vient pas de sa prestance, de son art oratoire ou de sa science. Elle vient de sa conformité avec le Christ, de sa fidélité au Maître et Seigneur. Si le sacrement de l’ordre le configure au Christ Tête pour agir en son nom et dans sa personne, la personne de Jésus Tête de son Eglise, lui, le prêtre, doit personnellement identifier sa vie à celle de Jésus, être un serviteur, un intendant fidèle, un transmetteur qui n’utilise pas pour lui ce qui vient de Jésus et un gardien de l’intégrité de ce qui ne lui appartient pas. « Me cacher et disparaître pour que seul Jésus brille » voilà ce que disait un saint prêtre. Le serviteur n’est pas plus grand que le maître. Attendre du prêtre ce que le prêtre peut donner comme attendre de Jésus ce que Jésus peut donner. Ne refusons pas ce que Jésus veut nous donner par le prêtre. Mais n’oublions pas aussi notre responsabilité personnelle. Nous sommes tous responsables de l’Evangile, de la mission de l’Eglise, de sa sainteté. Le serviteur n’est pas plus grand que le maître il doit même se faire petit, plus petit encore devant lui, pour le laisser passer comme à travers lui.
Abbé Pierre PEYRET +
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