Nous sommes invités à ne pas perdre de vue Dieu notre Père, à être toujours uni à Lui, à ne pas oublier que nous sommes ses enfants et à vivre ainsi, comme ses filles et ses fils qu’Il aime éperdument. Dans cet évangile, il n’y en a qu’un qui tient sa place, qui n’a pas besoin de revenir à la maison, de se convertir : le Père ; Il est toujours tourné vers ses enfants, l’amour de sa création. Il est juste, Il est bon, Il veut le bien de ses enfants. A chacun Il donne ce dont Il a besoin. Malheureusement les fils ne savent pas recevoir. Ils pensent que le don est un dû. Souvent, peut-être, nous pensons « J’ai droit à cela ! » et nous oublions le don. Tout ce qui existe, tout dans la Création est d’abord un don (« Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? »). Dieu donne et nous avons à recevoir de manière juste.
Le plus jeune des fils s’empare des biens de son père comme s’ils n’étaient qu’à lui ; il les dilapide : il les dépense en pure perte. Il n’en fait qu’à sa tête, sans penser aux autres, à sa famille. Il oublie qu’il est fils, il oublie qu’il est frère. Son aîné fait pareil parce qu’il vit pour lui-même, il ne pense pas plus à son frère.
Jésus vient pour nous ramener à son Père, qui est notre Père aussi, et Il vient nous rendre frère les uns des autres. C’est cela la réconciliation : l’un ne va pas sans l’autre. Nous ne pouvons pas vivre en frères et sœurs sans nous reconnaître enfants d’un même Père, sans être réconciliés avec Lui notre Dieu. Et, nous ne pouvons pas être les enfants de Dieu sans nous accueillir les uns les autres comme des frères.
Nous avons sans cesse à recevoir le don que Dieu nous fait dans la création et à nous recevoir de Dieu, à recevoir notre propre humanité, créée à son image et à sa ressemblance : elle est notre première richesse, notre premier patrimoine, un patrimoine génétique, culturel, spirituel, qui ne peut pas être l’objet de manipulation qui nous enlèveraient notre identité propre.
« Tout cela vient de Dieu… Nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » Le carême permet ce retour, de nous retrouver nous-mêmes avec Dieu et en Dieu, nous retrouver personnellement et nous retrouver les uns avec les autres comme des frères et sœurs.
Comme pour le fils prodigue, « tout n’est pas perdu, parce que les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer, au-delà de tous les conditionnements mentaux et sociaux qu’on leur impose. » LS205
Comment vivons-nous en frères et sœurs ? Comment nous sentons-nous concerner par le bien de chacun ? Cela vaut aussi dans notre utilisation ou notre gestion des biens de la terre : « Sur toute propriété pèse toujours une hypothèque sociale, pour que les biens servent à la destination générale que Dieu leur a donnée ». Par conséquent, « il n’est […] pas permis, parce que cela n’est pas conforme au dessein de Dieu, de gérer ce don d’une manière telle que tous ces bienfaits profitent seulement à quelques-uns. » LS93
Poursuivons notre chemin de carême en nous tournant incessamment vers le Père pour recevoir ses dons, pour tout recevoir comme un con qui vient de Lui comme nous le faisons maintenant dans cette eucharistie. Dieu nous fait entrer dans la joie de son festin, la joie des enfants de Dieu, la joie des frères qu’Il rassemble sans cesse.
Imitons Jésus qui se reçoit tout entier du Père ; engendré du Père, Il se fait don pour nous. Etre chrétien, être enfant de Dieu, c’est entrer dans ce don, dans l’économie du don. Il ne s’agit pas d’amasser pour nous, ni de dilapider mais de reconnaître le don premier et de le gérer pour le bien de tous.
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