Repartir du Christ
Au début du carême nous avons demandé à Dieu une conscience amoureuse du monde. La semaine dernière nous avons accueilli la création comme un don de Dieu en rejetant la tentation de nous comporter en maître absolu. Aujourd’hui nous voilà sur la montagne avec Jésus, entrant dans sa prière, dans ce lien unique qu’Il a avec son Père et l’Esprit-Saint. Il nous invite à aller à la source de la vie. La Transfiguration est une manifestation de la nature divine de Jésus mais elle est aussi une aspiration à un renouvellement de toute la création, la promesse de la réalisation de notre vocation dans le Christ mais à deux conditions : écouter Jésus et redescendre de la montagne. Nous sommes invités à repartir de Jésus sans cesse, à le contempler, à L’imiter. En fait, si nous sommes unis à Jésus, notre vie se transforme, nos relations avec les autres, avec le monde, notre lien à la création. Notre conversion durant se carême est à la mesure de notre union à Jésus, de notre obéissance à sa Parole. Est-ce que je prie plus ? Est-ce que j’écoute davantage la Parole de Dieu durant ce carême ? Suis-je capable de découvrir la présence de Dieu dans ma vie, dans la création ?
Avec le psalmiste nous avons chanté : « Je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. » Ps Avant le péché « le reflet de la Trinité pouvait se reconnaître dans la nature. » « La grandeur et la beauté des créatures font contempler, par analogie, leur Auteur » LS12 Chaque créature nous dit quelque chose de la beauté, de la grandeur, de l’être de Dieu. Sorties des mains de Dieu, « Les créatures tendent vers Dieu. » Toutes les créatures sont en relation et c’est la clef de notre propre épanouissement. Nous sommes invités à sortir de nous-mêmes « pour vivre en communion avec Dieu, avec les autres, avec toutes les créatures… Tout est lié, et cela nous invite à mûrir une spiritualité de la solidarité » LS240 Etre à l’image de Dieu Trinité, c’est vivre en relation, sans jamais nous couper ni de Dieu, ni des autres, ni de l’environnement qui est notre lieu vital. Il faut redescendre de la montagne parce qu’il n’y a pas d’autre monde dans lequel l’homme puisse vivre. Jésus est venu sauver l’homme sur cette planète. Il ne s’agit pas de sauver la planète mais l’homme uni à cette planète en « reconnaissant les liens par lesquels le Père nous a unis à tous les êtres ». LS220
Habiter le monde comme chrétien, c’est aussi savoir reconnaître l’œuvre de Dieu dans chacune de ses créatures. Saint Jean de la croix emmenait ses frères dans la nature pour leur apprendre l’adoration de Dieu. Prendre le temps de la contemplation de la Création, c’est se donner la possibilité de contempler l’œuvre de Dieu et de Le trouver dans le silence dans lequel il nous parle. En fait, la Création est aussi une Parole de Dieu, un livre dans lequel Dieu nous parle. « Nous sommes appelés à reconnaître que les autres êtres vivants ont une valeur propre devant Dieu et par leur simple existence ils le bénissent et lui rendent gloire » LS69
C’est souvent ce qui manque à l’homme moderne, Il s’est coupé de la source de sa vie, de Dieu. « Leur Dieu c’est leur ventre… ils ne pensent qu’aux choses de la terre. » Ph
« Plus le cœur de la personne est vide, plus elle a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer. » LS204 Ce phénomène psychologique est bien connu, la consommation devient compulsion.
« Le marché tend à créer un mécanisme [consumériste compulsif] pour placer ses produits, les personnes finissent par être submergées, dans une spirale d’achats et de dépenses inutiles… Ce paradigme fait croire à tous qu’ils sont libres, tant qu’ils ont une soi-disant liberté pour consommer. » LS203
Allons à la rencontre du Seigneur, entrons dans le mystère de sa présence, présence d’immensité dans la création, présence de grâce en nous, présence encore plus grande quand Il transfigure le pain de la terre en son vrai Corps pour nous unir plus intimement à Lui.
Abbé Pierre Peyret +
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