Se laisser illuminer par le Christ.
« Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Nous sommes entrés dans cette lumière par le baptême. Pour chacun de nous le baptême a été une illumination, l’avènement d’un nouveau monde, une manière nouvelle de voir le monde. Nous pouvons le comprendre en regardant cet aveugle de naissance : quelle transformation pour lui. Il voyait enfin ce qu’il ne connaissait que par ouï-dire : sûrement ces parents, ces amis avaient dû lui décrire tout ce qui l’entourait, le bleu du ciel, la variété des fleurs, les reflets du soleil selon l’heure du jour, la forme de la lune… Mais quelle différence ! maintenant qu’il peut voir ces choses par lui-même. Il découvre que les mots sont bien pauvres. Il découvre que la réalité est plus grande que ce qu’il connaissait déjà, plus grande que ce qu’il en avait perçu.
« Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Cette phrase résonne d’une manière particulière pour les catéchumènes qui se préparent à recevoir le baptême à Pâques. C’est pour eux le temps des scrutins. Les scrutins sont le passage des ténèbres à la lumière ; des étapes de conversion ; un choix à faire : « Celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, il a la lumière de la vie.
Ce qu’ils vivent est aussi pour nous ! L’aveugle pouvait enfin scruter le ciel, scruter l’horizon, scruter les plus petits détails du monde qui l’entourait. Il avait des yeux pour voir et grâce à la lumière aussi il voyait. Car il ne suffit pas d’avoir des yeux pour voir. « Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » La lumière nous scrute aussi ; elle nous permet de voir et elle révèle notre manière de voir, finalement elle révèle ce que nous sommes. Dans une enquête ou la résolution d’une énigme, on dit « faire la lumière. » Le carême nous invite à faire la lumière dans notre vie ; faire la lumière comme on fait la vérité.
La lumière nous indique le chemin comme la vérité guide notre liberté, la permet. Le psaume dit : « Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais. De très loin tu pénètres mes pensées, que je m’assois, que je me lève, tu le sais. Tous mes chemins te sont familiers. »
Jésus nous invite à ne pas craindre la lumière, à ne pas craindre de venir à la lumière. Nous y trouverons la liberté, la possibilité de conduire notre vie dans la joie et la paix.
« Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
L’aveugle n’a pas craint de se laisser toucher par Jésus, de Lui obéir, de mettre simplement sa confiance en Lui. Il a fait ce que Jésus Lui proposait. Nous pouvons nous présenter à Jésus en vérité parce que nous savons qu’Il nous recevra avec son amour, avec son pardon. Nous savons que Jésus est venu pour nous aider et nous conduire à la vie.
« Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Une fois guérie, une fois illuminés par Jésus nous ne sommes plus éblouis. Nous voyons le monde, et notre vie, et les autres personnes avec les yeux de Jésus, avec le regard de Dieu. Ce ne sont plus les apparences qui nous arrêtent, nous ne voyons pas des objets, des instruments à notre service mais des personnes. Saint Paul, dans la deuxième lecture, nous invitait à vivre ainsi : « comme des fils de la lumière ». Nous ne sommes pas les enfants de l’illuminisme, les héritiers des Lumières. Nous sommes les fils et les filles de la lumière.
Jésus a fait de la boue avec sa salive pour guérir l’aveugle, comme Dieu a tiré Adam de la boue et a mis en lui son souffle. Par le baptême, Jésus nous communique la lumière qu’Il est Lui-même, Il fait de nous une nouvelle création.
Comme l’aveugle de naissance dont les yeux ouverts ont reconnu Jésus comme le Messie, ouvrons aussi nos yeux pour reconnaître le Seigneur dans la Sainte Eucharistie et demandons-Lui d’éclairer toute notre vie.
Abbé Pierre PEYRET+
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