Un carême pour se laisser enseigner et l’hydratation toujours due.
Grâce au conseil que Notre Père du Ciel nous donne aujourd’hui nous pouvons faire un lien entre les deux premières œuvres de miséricorde : « Ecouter son Fils » qui a tant à nous enseigner. Dieu met en œuvre Lui-même la 2ème œuvre de miséricorde spirituelle : Enseigner les ignorants. Par rapport à Dieu nous serons toujours ignorant de quelque chose, c’est pour cela que le Père a envoyé son Fils : pour nous apprendre et ainsi nous réintroduire dans la vie qu’Il possède en plénitude. Jésus n’a de cesse d’enseigner, Il enseigne par sa vie et par ses paroles. Il enseigne à tout moment, sur le bord du lac de Tibériade, dans les synagogues, sur la montagne. Il ne se lasse pas de le faire tellement le besoin des hommes est grand. Souvenons-nous de ce jour où Il avait invité les apôtres à partir à l’écart pour se reposer un peu, et arriver de l’autre côté du lac Jésus fut saisi de pitié parce que les hommes étaient comme des brebis sans berger, et Il se mît à les enseigner longuement. Devant imiter Jésus en toutes choses, nous sommes appelés nous aussi à enseigner, à dire ce que nous savons, à partager nos connaissances avec celui qui ignore. Notons de fait que c’est un partage, non une imposition.
Les premiers bénéficiaires sont les enfants ; ils ont tout à apprendre. L’enseignement est nécessaire à la croissance de l’humanité. Tout homme qui vient au monde naît dans un état inachevé et de dépendance absolue dans lequel il doit tout découvrir et apprendre. C’est par l’éducation qu’il va acquérir l’autonomie nécessaire, développer ses capacités, atteindre la fin pour laquelle il est fait. L’éducation est donc un besoin, une nécessité et par conséquent un droit fondamental et une obligation pour ceux qui en ont la responsabilité, en premier lieu les parents.
Cette obligation est aussi celle de l’Eglise, Dieu a voulu qu’elle soit au service du bien de toute l’humanité. La mission de l’Eglise se déploie selon sa triple fonction d’enseigner, de sanctifier et de gouverner ; elle englobe toutes les dimensions de l’homme. Experte en humanité, l’Eglise a quelque chose à dire, elle a un droit à enseigner mais aussi un devoir. Le devoir de l’Eglise à enseigner lui revient à un titre spécial en tant que mère de ses enfants baptisés mais elle est aussi envoyée par le Christ auprès de tous les hommes. Le devoir-droit à l’enseignement de l’Eglise se rapporte à la mission que le Seigneur lui a confiée d’aider les hommes à réaliser leur vie en plénitude, cette plénitude que nous donne le Christ.
Faut-il tout enseigner à tous sans distinction ? St Thomas d’Aquin dit : « L’ignorance n’est vraiment un défaut que si l’on manque de la science que l’on devrait avoir. » Il ne s’agit pas d’enseigner à tort et à travers, d’étaler son savoir. L’auteur de toute œuvre de miséricorde ne cherche pas son propre contentement mais celui de la personne à laquelle elle s’adresse. Un discernement est nécessaire. Il est inutile de tout savoir, ni de tout vouloir enseigner. Parfois il vaudrait peut-être mieux ne rien savoir du tout sur un sujet que d’en savoir trop peu et de tomber ainsi dans une fausse illusion de connaître (Peu de science…).
C’est une bienfaisante charité de pourvoir à l’enseignement, profane ou religieux. Nous pouvons y participer de diverses manières : par notre contribution personnelle, nos ressources. Il y a un apostolat intellectuel par les livres, les conférences, les cercles d’études. Pendant le carême exerçons cette œuvre de miséricorde à l’égard de nous-mêmes : en lisant l’Evangile chaque jour pour écouter Jésus, en reprenant le catéchisme pour en approfondir une partie. Dix minutes chaque jour seraient déjà fécondes.
Un petit mot sur la 2ème œuvre de miséricorde corporelle : Donner à boire à ceux qui ont soif. Jésus parle du verre d’eau fraîche qui ne restera pas sans récompense, l’occasion est peut-être rare. Pourtant elle se présente de manière cruciale lorsqu’il s’agit d’un malade, d’une personne en état végétatif ou en fin de vie. Peut-on interrompre la nourriture et l’hydratation ? La question a été posé en 2007 à la Congrégation pour la doctrine de la foi et a fait l’objet d’une réponse détaillée (voir le document et son commentaire) : non, on ne peut pas interrompre. L’administration de nourriture et d’eau, même par des voies artificielles, est un moyen ordinaire et proportionné, elle fait partie des soins normaux, soins qui sont toujours dus à la personne. On ne peut pas faire souffrir ou laisser mourir une personne de faim ou de soif. Il y a une obligation stricte de poursuivre ces moyens dits « minimaux », on ne peut les interrompre pour donner la mort au patient.
Sur la montagne Jésus dévoile son identité. En faisant l’aumône nous reconnaissons en chacun sa véritable identité : dans l’assoiffé ou l’ignorant, c’est le Christ que nous reconnaissons. Jésus vient à notre rencontre. Prendre soin de Lui dans la Sainte Eucharistie et prendre soin de Lui dans celui qui en a besoin, c’est tout un.
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