Qui veut la fin, veut les moyens : vivre le Carême pour entrer dans la joie de Pâques.
Dans la vie il y a le but et il y a les moyens. Si on sait qu’elle est le but, on cherche les moyens d’y arriver. En entrant dans le carême nous regardons le but, c’est lui et lui seul qui nous intéresse ! et le but, c’est la victoire de la vie, c’est le triomphe de Pâques, l’humble triomphe de Pâques, à travers la Passion et la Résurrection. Dieu désire la vie pour nous, Il veut nous la donner, Il nous montre le chemin. Il veut faire de nous des hommes et des femmes libres, des filles et des fils de Dieu.
Le carême est un moyen ; ce n’est pas le but ! Le carême est un bon moyen d’arriver au but. On dit : « Qui veut la fin, veut les moyens. » Demandons au Seigneur de mettre dans notre cœur un grand désir d’entrer dans la joie de Pâques. Il nous attend, Il nous aime, Il est plein de tendresse : en approchant de Lui nous ferons l’expérience d’être aimé personnellement, accueilli sans jugement, reconnu. Nous ferons l’expérience d’être consolé et comblé au-delà de notre attente.
En cette Année Sainte de la miséricorde, le carême est un temps fort, c’est un pic, un pic de réconciliation. Jésus donne sa vie sur la croix et ressuscite pour nous réconcilier. Pâques est l’événement le plus important de Réconciliation. C’est Jésus ressuscité qui donne aux Apôtres le pouvoir de remettre les péchés, de réconcilier le pécheur avec le Père plein de miséricorde. Profitons de ce temps pour renouveler notre foi, notre vie de chrétien. Pour cela Jésus nous donne trois moyens : l’aumône, la prière et le jeûne. Trois moyens pour nous ouvrir et exercer la miséricorde.
Qu’est-ce qui est vraiment important dans ma vie ? Nous sommes toujours en chemin et ce sont nos journées qui se remplissent : de quoi ? à quoi je m’attache ? L’aumône ouvre notre cœur : que vais-je donner ? Un sourire, un mot gentil, un service, du temps, mon aide, ma présence, une part de ce que je possède. L’aumône nous fait faire l’expérience de l’essentiel : le plus important n’est pas ce que j’ai mais ce que je donne, et j’imite Dieu qui dans sa miséricorde ne sait que donner.
La prière peut être une aumône aussi quand elle s’ouvre aux besoins de l’autre. Dans la prière je reçois la lumière de Jésus, j’apprends à mieux Le connaître, j’ouvre mon cœur pour qu’Il éclaire ma vie, pour qu’Il me sauve. Dans cette prière, il y a la place aussi pour l’écoute de la Parole de Dieu. Je découvre le visage plein de miséricorde de notre Père, dans le visage miséricordieux de Jésus.
Le jeûne pour sa part exprime le besoin de miséricorde pour tout homme. Ma vie ne dépend pas de mon ventre ; il ne suffit pas d’être rassasié pour vivre heureux. Dans le détachement de la nourriture mais aussi de tout ce qui peut devenir encombrant, j’ouvre un espace à Dieu, une possibilité de recevoir la vie qui ne vient pas de la terre mais du Ciel. Le jeûne sera concret pour tous : pour les enfants ce sera peut-être apprendre à finir son assiette, manger plus de ce que j’aime moins et moins de ce que j’aime plus. Nous pouvons aussi jeûner d’écrans : libérer notre esprit et notre temps pour la Parole de Dieu et pour ceux qui nous entourent.
Nous sommes invités à renouveler notre foi en Jésus-Christ, qui est le visage de la miséricorde du Père, la voie qui unit Dieu et l’homme. C’est la première vérité de l’Église, l’amour du Christ. Pour cela Redécouvrir et remette au centre les œuvres de miséricorde corporelle et spirituelle.
Quand, au soir de la vie, il nous sera demandé si nous avons donné à manger à celui qui a faim et à boire à celui qui a soif, il nous sera également demandé si nous avons aidé les personnes à sortir du doute, si nous nous sommes engagés à accueillir les pécheurs, en les exhortant ou en les corrigeant, si nous avons été capables de combattre l’ignorance, surtout en ce qui concerne la foi chrétienne et la vie bonne. Cette attention aux œuvres de miséricorde est importante : elles ne sont pas une dévotion. C’est la façon concrète dont les chrétiens doivent vivre l’esprit de miséricorde.
« Qui d’entre vous se rappelle bien quelles sont les œuvres de miséricorde spirituelle et corporelle ? Que ceux qui s’en souviennent lèvent la main. » Il n’y en avait pas plus de vingt dans une salle de sept mille personnes. Nous devons recommencer à enseigner ces choses si importantes aux fidèles. La foi chrétienne, en effet, n’est pas seulement une connaissance à conserver dans sa mémoire, mais une vérité à vivre dans l’amour. (Pape François).
Seigneur, nous n’avons que ta miséricorde pour avancer. Donne-nous de vouloir la fin et de prendre les moyens.
Abbé Pierre PEYRET +
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