Un Avent pour aimer l’Eglise, Corps du Christ
4Avent A 2023
En approchant de Noël nous avons les deux principaux personnages parmi les hommes qui débutent l’histoire de l’Eglise : sainte Marie et saint Joseph.
Ils sont appelés, choisis par Dieu, et tous les deux ont donné leur réponse, leur oui. Dieu ne fait pas sans nous, ni contre nous mais avec nous, avec notre liberté qui Lui répond. Désormais toute leur vie va se concentrer sur Jésus, au service de sa mission divine. Ils y étaient préparés d’une certaine manière puisqu’eux aussi étaient les héritiers de la promesse de Dieu ; ils n’attendaient pas moins que les autres juifs l’avènement du Messie, ils l’attendaient même davantage. Nous en avons la preuve dans la connaissance que la sainte vierge avait des saintes écritures, cette connaissance qui transparaît dans son Magnificat. Toujours elle garde et médite la Parole de Dieu, les événements qui Le concernent.
Comme il arrive pour tout enfant venant au monde, le lien avec la maman est plus direct. Marie, la mère de Jésus, a un temps d’avance sur Joseph. Elle a passé 9 mois d’intimité avec lui. Pour Joseph il en va autrement. L’ange qui lui apparaît en songe va, en quelque sorte, lui faire rattraper son retard, car c’est lui, Saint Joseph, qui donnera à l’enfant son nom. Donner le nom, c’est établir un lien direct avec l’enfant.
En nommant Jésus, saint Joseph nous le donne à connaître. C’est sa mission. Joseph ne compte pas pour rien. Il n’a aucune part dans la conception de Jésus ; l’incarnation, en son origine, ne dépend que de Dieu, l’Esprit-Saint, et du fiat de Marie. Mais, dans son déploiement, l’incarnation dépend aussi de Joseph et même de chacun d’entre nous. Nous avons aussi à nommer Jésus dans notre vie à le nommer pour tous ceux qui nous entourent, et tous ceux qui l’ignorent. Nommer Jésus, c’est le donner au monde comme Dieu et comme Sauveur. C’est la mission de l’Eglise.
Jésus constitue l’Eglise autour de Lui pour cette mission : servir le Salut de toute l’humanité. Mission est un mot latin, en grec c’est l’apostolat, qui a donné apôtre. Le sens est toujours le même : envoyer. Nous sommes envoyés, les apôtres sont envoyés, l’Eglise est envoyée par Jésus, à partir de Jésus.
Ainsi l’Eglise est apostolique en un double sens. Elle est apostolique, c’est-à-dire envoyée et, elle est apostolique parce que fondée sur les apôtres envoyés par Jésus.
Il faut toujours recevoir Jésus nous n’en sommes pas l’origine comme Joseph n’en est pas l’origine. Il devra prendre soin de l’enfant et de sa mère, et entourer de protection tout ce qui touche à Jésus. Il ne se donne pas sa mission, il la reçoit. Il y était préparé car c’est un homme juste. Être juste selon la bible, c’est chercher la volonté de Dieu en toute chose et à chaque instant. Joseph est l’homme de l’écoute, prompt à accomplir la Parole de Dieu. Il ne tarde jamais quand Dieu l’appelle, il exécute promptement ce que l’ange lui dit.
L’Eglise est apostolique parce qu’elle reçoit aussi cette Parole de Dieu et sa mission, parce qu’elle se reçoit de Jésus qui l’envoie.
Dans le deuxième sens l’Eglise est apostolique parce qu’elle est fondée sur les apôtres, sur leur ministère, ce service que Jésus leur a confié, leur a donner le pouvoir d’exercer. L’Eglise demeure fidèle à Jésus, à sa Parole par le ministère des apôtres et de leurs successeurs, les évêques. Ils sont les gardiens et les garants de la Parole de Dieu, de l’enseignement de Jésus, de tout ce qui vient de Jésus. C’est pourquoi dans chaque eucharistie nous nommons et prions pour notre évêque.
Confions à Sainte Marie et à Saint Joseph notre chemin dans l’Eglise de Jésus. Demandons par leur intercession d’être attentif à Jésus, de savoir L’accueillir comme ils l’ont si bien fait, et de prendre soin de tout ce qui touche à Lui.
3Avent A 2023
Saint Jean-Baptiste est comme nous ou nous sommes comme lui ! Il prépare le chemin du Seigneur mais il aimerait bien voir le résultat ; il est en chemin mais il aimerait être déjà arrivé. Il annonce le Sauveur, Celui qui doit donner la Vie au monde, Celui qui doit apporter la paix mais il voudrait Le voir à l’action et que tout soit transformé d’un coup. Mais le temps ne respecte pas ce que l’on fait sans lui.
Nous courons le risque de confondre Jésus avec un magicien. De sa baguette magique Il transformerait instantanément la réalité. Jean-Baptiste est pressé mais Dieu est patient parce qu’Il nous attend, parce qu’il n’agit pas sans nous, sans notre consentement, sans notre participation dans le Royaume. Jean-Baptiste est pressé mais Le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui. Il ne suffit pas de faire des choses, de préparer le chemin du Seigneur, il faut aussi le suivre, entrer dans le Royaume de Dieu, adopter sa manière de vivre et d’agir, se laisser aimer et sauver. Les cœurs ne se transforment pas par la violence, par l’empressement.
Toutefois il y a des signes que le Salut est bien arrivé, on les appelle signes messianiques. Dans la 1ère lecture le prophète Isaïe les annonçait et dans l’Evangile Jésus les réalise : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Les signes messianiques sont la manifestation de la divinité de Jésus, l’Esprit-saint qui a envahi son âme humaine déborde sur le monde et le guérit. Ces transformations sont une image des transformations qui peuvent se produire dans notre vie, qui doivent se produire pour que nous entrions dans le Royaume de Dieu. Jésus est le signe et le moyen du salut apporté aux hommes. Le Salut se déverse sur les hommes et y fait apparaître l’Eglise. Le Pape a comparé l’Eglise à un hôpital de campagne. Nous ne sommes pas dans l’Eglise parce que nous sommes parfaits, déjà arrivés au but mais pour le devenir. Dans la vie chrétienne il n’y a pas de place pour les parvenus, nous sommes en chemin, et celui qui penserait être parvenu se tromperait grandement. Nous avons toujours besoin de recevoir le Salut…
Comme Jésus-Christ et l’Eglise c’est tout un, c’est en elle, l’Eglise, que le Salut est communiqué, c’est en elle que se trouvent les moyens de salut pour accomplir notre vie d’homme et de femme, d’enfant de Dieu. Avant Jean-Baptiste et jusqu’à lui Dieu a promis, maintenant Il réalise sa promesse. Cette promesse n’est pas pour quelques-uns, quelques privilégiés à un moment donné de l’histoire des hommes, elle est pour tous les hommes de tous les temps. C’est pour quoi Jésus a voulu l’Eglise sainte comme signe et moyen de Salut. En elle, Dieu tient pour toujours ses promesses, Il nous donne les moyens de parvenir au Salut, d’accomplir notre vie grande et belle. A nous de prendre les moyens qu’Il nous donne. Nous sommes en formation, comme le bébé qui vient de naître. Le bébé est réalisé comme petit d’homme mais il est encore en formation, il doit grandir, se développer. Quand est-ce que c’est fini ? Jamais ! Nous serons toujours en formation, il y a encore quelque chose à développer en nous jusqu’à notre entrée définitive dans le Royaume de Dieu, jusqu’à la fin de notre vie sur terre, ou même après, au purgatoire, parce que nous ne serons pas tout à fait « finis » pour entrer au Ciel.
Il y a un parallèle entre l’action divine de Jésus dans son humanité, comme à travers elle et l’action divine de Dieu dans la sainte Eglise. La toute-puissance divine du Fils de Dieu se manifeste par son autorité, ses miracles, tout son être : « La manière de Jésus !Le style de Jésus ! Les milles actions qu’il faisait comme tout le monde, il les faisait comme personne au monde – d’une manière unique au monde. » J. MARITAIN L’humanité de jésus est devenu l’instrument parfait de sa divinité. Ainsi en doit être pour l’Eglise, livrée totalement entre les mains de Dieu, l’instrument dont Il veut se servir pour le Salut des hommes de tous les temps.
On ne peut pas séparer la divinité et l’humanité en Jésus, comme on ne peut pas séparer Jésus et l’Eglise son corps mystique. La déchirure ne peut que s’agrandir si on ne l’a pas compris. C’est pourquoi le Concile Vatican II affirme que seule l’Eglise catholique du Christ, en tant qu’instrument universel du salut, peut donner accès à la plénitude des moyens de salut… cette même Eglise catholique est riche de toute la vérité révélée par Dieu et de tous les moyens de grâce.
Rendons grâce au Seigneur de tous ses dons comme nous y invite le grand don qu’Il nous fait de Lui-même maintenant mais en pensant que cela nous oblige : nous devons travailler à cette unité que le Christ et l’Eglise manifestent sans cesse.
2Avent A 2023
Par trois fois dans l’Evangile de ce 2ème dimanche de l’Avent retentit le même appel : Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. Produisez donc un fruit digne de la conversion. Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion.
Dans une famille il y a de la joie à être tous ensemble, à se retrouver réunis autour de la même table, à partager de bons moments. Quand cela arrive nous commençons à goûter au Royaume de Dieu mais cela demande une conversion. Se convertir, c’est choisir ce qu’il y a de meilleur pour être avec les autres, c’est se tourner vers les autres pour leur être attentif, c’est se tourner vers Dieu pour apprendre de Lui à nous aimer et vivre avec Lui.
Si Adam a détruit l’unité de la famille humaine et lui a fait perdre la participation à la vie divine, Jésus, Lui, nous rend cette vie du royaume des Cieux. Jésus en venant sur terre et en prenant notre nature humaine nous a rendu le pouvoir de devenir enfants de Dieu, de vivre unis comme des frères et soeurs. Dieu ne cesse, Lui, de se tourner vers nous, rien ne le détourne de sa volonté de nous aimer, de nous sauver, de nous faire revenir vers Lui. Le Créateur ne se détourne pas de ses créatures.
Le rôle de chacun dans la famille est de créer l’adhésion, s’intéresser les uns aux autres, se sentir liés, reliés les uns aux autres. L’Eglise est le commencement et le germe du Royaume. En elle, ce qui crée la joie, ce qui crée l’unité de cette famille divine, c’est notre étroite union avec Jésus-Christ. Il est la Tête de l’Eglise, son Chef. C’est donc à chacun de nous de nous convertir pour être davantage uni à notre Chef, la Tête, Jésus, et faire ainsi partie plus étroitement de son Corps. Dans la prière eucharistique (III) nous demandons au Père : « Accorde-nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ. »
L’œuvre que Jésus a commencé, Il l’accomplit dans l’Eglise qu’on appelle pour cela son Corps mystique. Ce qui est mis en relief dans cette expression de Corps mystique c’est l’étroite union avec le Christ.
LG 7 : Le Fils de Dieu, dans la nature humaine qu’il s’est unie, a racheté l’homme en triomphant de la mort par sa mort et sa résurrection, et il l’a transformé en une créature nouvelle. En effet, en communiquant son Esprit à ses frères, qu’il rassemblait de toutes les nations, il les a constitués, mystiquement, comme son corps.
Dans ce corps, la vie du Christ se répand à travers les croyants que les sacrements, d’une manière mystérieuse et réelle, unissent au Christ souffrant et glorifié. Par le baptême, en effet, nous sommes rendus semblables au Christ… Participant réellement au Corps du Seigneur dans la fraction du pain eucharistique, nous sommes élevés à la communion avec lui et entre nous… Nous devenons ainsi les membres de ce corps, « étant chacun pour sa part membres les uns des autres ».
Mystique souligne aussi ce fait important : c’est Jésus qui forme l’Eglise ; Il la constitue à partir de nous, avec nous. Comme Il a modelé Adam à partir de la glaise, Il modèle l’Eglise, son Corps mystique, avec nous, ses disciples. Comme Il a insufflé l’haleine de vie en Adam, Il insuffle l’Esprit-Saint dans son Corps qui est l’Eglise. C’est de Jésus, la Tête de ce Corps, que l’Eglise reçoit sans cesse sa croissance et son développement en vue de sa parfaite constitution.
Toutefois il ne faut pas penser que le Christ étant la Tête, occupant une place si élevée, ne requiert pas l’aide de son Corps. Car il faut affirmer du Corps mystique ce que saint Paul affirme du corps humain : La tête ne peut dire aux pieds : je n’ai pas besoin de vous. Il est tout à fait évident que les fidèles ont absolument besoin de l’aide du divin Rédempteur, puisque lui-même a dit : Sans moi vous ne pouvez rien faire, et que selon la doctrine de l’Apôtre tout l’accroissement de ce Corps mystique pour son édification dérive de sa Tête, le Christ. Il faut pourtant maintenir, bien que cela paraisse vraiment étonnant, que le Christ requiert le secours de ses membres. (Pie XII Mystici corporis)
Nous avons quelque chose à apporter à notre divin sauveur. Le Salut de beaucoup dépend aussi de notre prière et de notre conversion. Jésus attend que nous collaborions avec Lui.
1Avent A 2023
Que faire lorsque nous tombons de sommeil et qu’il ne faut surtout pas s’endormir ? Que faire pour nous réchauffer lorsque le froid nous saisit ? Se mettre en mouvement, tendre notre attention vers Celui qui vient.
Nous commençons le temps de l‘Avent avec cette invitation, cet encouragement : Veillez donc, tenez-vous prêts. Pour veiller, pour se tenir prêt, la meilleure manière est de nous mettre en route, de poursuivre l’objectif. Adventus a traduit le mot grec parousie, la venue glorieuse de Jésus. Adventus dans l’antiquité se rapporter à l’empereur ou à son représentant quand il arrivait pour la première fois et prenait sa fonction. Il ne s’agit donc pas simplement d’une venue mais d’une présence. Dieu vient et Il demeure, Il est présent dans nos vies, Il n’est pas loin, Il habite notre monde. Dans l’année liturgique Dieu est présent, dans sa Parole, dans les sacrements célébrés avec amour, dans la charité vécue entre frères.
D’une manière particulière Dieu est présent dans l’Eglise, l’Eglise famille, l’Eglise Peuple de Dieu constituée, instituée par le Seigneur, Jésus. Par le prophète Isaïe Dieu nous a lancé dans la première lecture cette invitation : Montons à la montagne du Seigneur, à la maison de Dieu. Cette montagne, cette maison, c’est l’Eglise de Dieu, l’Eglise de Jésus Christ. Le Concile Vatican II a parlé de l’Eglise comme sacrement universel du salut. L’Eglise manifeste l’œuvre du salut qui vient de Jésus, elle est l’instrument de ce salut qui ne vient que de Dieu. Dans l’Eglise, Jésus venu en notre chair à Noël, poursuit son œuvre de salut, Il actualise sa présence, Il continue d’aimer notre humanité. Nous aimons l’Eglise parce que nous aimons Jésus-Christ, nous aimons l’Eglise parce que nous y voyons Jésus à la source et à l’action. Sainte Jeanne d’Arc le dit de manière simple : « Jésus-Christ et l’Eglise, c’est tout un. »
Le temps de l’Avent nous invite à donner à Jésus toute sa place, à l’accueillir dans nos vies avec l’action qu’Il veut y mener et cela ne peut se faire sans l’Eglise qu’Il a voulu, qu’Il veut et par laquelle Il passe aujourd’hui. Nous avons à redécouvrir ou à avoir le sens de l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique. N’oublions pas que face à Jésus ou face à l’Eglise nous sommes devant le même mystère. Nous ne pouvons pas réduire l’Eglise à ce que nous en voyons. L’Eglise nous précède comme une mère, nous n’en sommes pas l’origine. Sa constitution est divine bien que ce qui apparaît le plus d’elle soit humain. Tel un iceberg nous n’en voyons présentement que la partie visible en pèlerinage sur cette terre.
Marchons à la lumière du Seigneur disait encore le prophète Isaïe.
La lumière comme l’air sont nécessaires à la
vie. Nous savons que cette lumière a déjà paru, qu’elle est entrée dans notre
monde, elle a jailli à Bethléem. Aussi longtemps que je
suis dans le monde, je suis la lumière du monde. Le temps de l’Aventest un temps d’attente et
d’espérance mais ce n’est pas une attente vide, à chaque instant nous
accueillons le salut qui vient de Dieu. Chaque instant prend tout son sens
parce qu’il nous rapproche de Jésus.C’est cela la prière
chrétienne : unir les instants de notre vie à la présence de Dieu.
Une prière doit nous tenir plus à cœur que
toute autre, c’est la prière liturgique. La liturgie est la prière de l’Eglise,
l’une des trois formes de prière possible. En effet, à côté de la prière
personnelle que nous faisons chacun dans notre chambre, à côté de la piété
populaire qui exprime la spontanéité et la sensibilité d’une culture (comme la
crèche que nous faisons dans nos maisons) il y a la prière liturgique de
l’Eglise. Dans la liturgie ce n’est pas nous qui prions individuellement c’est
l’Eglise qui prie en nous par nous.
La liturgie a donc cette vertu propre de nous
faire sortir de l’individualisme. Elle nous rassemble et nous unit dans ces
liens interpersonnels voulus par Dieu lui-même. La liturgie de la Sainte
Eucharistie a bien sûr la première place.
Comments are currently closed.