Charité parfaite.
Nous avons vu la semaine dernière avec l’image de la vigne et des sarments que la vie de Dieu nous irrigue. Jésus nous unit à Lui intimement et nous fait porter du fruit. Ce fruit a un nom unique pour les amis de Jésus : la charité, dont nous venons d’entendre la description. La charité est l’amour même de Dieu, l’amour dont Jésus est la réalisation, le modèle et la source. Il nous dit clairement que cet amour est don, s’exprime dans le don total, le don de soi-même : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». J’aime autant que je donne, autant que je me donne, un don concret, palpable, qu’on peut toucher du doigt. Dieu m’invite, j’y vais ! Mon frère demande de l’aide, je suis là ! Je vois un manque, je cherche à le combler !
L’amour de Dieu et l’amour du prochain sont indissolublement lié. Nous n’avons qu’un cœur pour aimer et l’amour n’a qu’une source. C’est pourquoi, dans sa vérité, il ne connaît pas de limite. L’amour ne calcule pas, il ne tient pas de compte. Saint jean de la Croix dit ainsi : « Là où il n’y a pas d’amour, mettez de l’amour et vous recueillerez de l’amour. » Il ne choisit donc pas qui est aimable ou qui ne l’est pas. Le mal n’est pas aimable mais toutes les personnes peuvent être aimés et doivent l’être. La charité nous pousse à vouloir le bien de tous. C’est là que nous voyons le lien avec les commandements de Dieu : ils sont le critère du bien ; ils en donnent l’intelligence. L’amour n’est pas un vague sentiment ou l’envie d’un moment. Il cherche le bien intelligible, le désire et est prêt à donner sa vie pour le réaliser, l’atteindre. Le bien est l’objectif et donne à l’amour son objectivité. Sans cette objectivité il n’y aurait plus que nos passions (nos caprices) qui conduisent à l’égoïsme. L’amour ne peut bénir ce qui est mal.
Chacun d’entre nous, comme chrétien, sommes appelés à la plénitude de la charité. La plénitude de la charité est ce qui caractérise les saints. Ils sont saints parce qu’ils ont aimé pleinement ; ils ont servi Dieu et leur prochain, joyeusement, dans la joie de se donner jour après jour, à chaque instant, jusqu’au dernier instant. Leur sainteté est objective. Si nous pouvions nous exprimer ainsi nous dirions qu’elle est mesurable, plus exactement elle se voit dans leurs vertus mises en œuvre de manière héroïque. Il ne s’agit pas simplement d’aimer en passant, une fois par-ci, une fois par-là. La charité est un feu qui ne s’éteint pas et ce feu se nourrit d’actes répétés. Sainte Mère Teresa, Sainte Jeanne Jugan ne se sont pas contentées d’aider une seule personne pauvre ou âgée un seul jour… Cela a été continu, sans relâche et en entraînant beaucoup d’autres personnes à faire de même.
C’est ce que Jésus nous fait comprendre en parlant de ses commandements. Ne réduisons pas la charité à un vague sentiment ou un besoin individualiste à contenter. Les saints ne sont pas contents d’eux, ils sont contents de Dieu, contents de Le servir, de Le dire, de permettre à son amour de s’étendre à travers eux.
« Les saints sont des “nombres premiers“. Chacun exprime une unicité, même si les parcours peuvent sembler similaires… A la base, pour tous, il y a toujours l’expérience de l’amour du Christ, qui enflamme le cœur et motive des choix courageux ».
Les saints tissent le temps avec les fils de l’amour de Dieu.
Les saints n’ont pas « besoin de notre reconnaissance – et Dieu encore moins –, mais c’est nous qui ne pouvons pas nous passer d’eux. Quand nous les apprécions comme tels, nous reconnaissons la présence de Dieu au milieu de nous. »
Regarder les saints, c’est nous convaincre qu’il est possible d’aimer, que l’Evangile vécu porte du fruit et transforme la vie et le monde. Jésus a raison et nous pouvons Lui faire confiance comme eux-mêmes Lui ont fait confiance. « Dieu est amour, toute expression d’authentique charité porte ses empreintes digitales. Alors que les héros de ce monde montrent ce que l’homme sait faire, le saint montre ce que Dieu sait faire. »
Nous célébrons le sacrement de la charité, telle est l’Eucharistie, le don sans cesse renouvelé que Jésus fait de Lui-même pour notre bien, le nôtre et celui de toute l’humanité.
Abbé Pierre PEYRET
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