Homélies d’Avent
Homélie du 4ème Dimanche de l’Avent
Dernier dimanche de l’avent, point ultime de notre parcours : reparcourir le chemin depuis la Création jusqu’à notre recréation.
En entrant dans le monde, Jésus ne vient pas le détruire mais le rétablir dans sa beauté originelle, tel que Dieu l’a voulu au premier matin lorsqu’il créait le 1er homme et la 1ère femme. Dieu n’efface pas ce qu’Il fait, comme on effacerait un tableau pour écrire une nouvelle histoire. Il ne renie pas sa Création. Il vient Lui redonner la possibilité d’accomplir sa destinée, belle et parfaite.
Nous devons avec le Seigneur redécouvrir la bonté de la création, une bonté qui doit se manifester dans notre vie, nous qui sommes ses créatures. Pour réaliser cela nous devons nous laisser recréer par Dieu.
La Vierge Marie : première sauvée. Figure de ce que nous devons devenir, être.
« Pleine de grâce », toute grâce, pas la moindre ombre : le Seigneur l’éclaire totalement, en permanence. Pas de distance avec Dieu.
Rappel l’amitié divine du jardin d’Eden.
Etre en état de grâce, être dans cet état d’union avec notre créateur, notre Père du Ciel. La grâce, ce don de Dieu, ne détruit pas la nature : elle l’élève et la perfectionne.
Quelques jours avant Noël, nous voyons le sourire de la TSVM. Ce sourire est la porte d’entrée la plus appropriée à la révélation de son mystère. Elle nous fait participer à sa joie, la joie de sa relation à Dieu, la joie d’être aimée de Dieu et sauvée par Lui.
« Dans le sourire de la plus éminente de toutes les créatures, tournée vers nous, se reflète notre dignité d’enfants de Dieu… Je souhaiterais dire, humblement, à ceux qui souffrent et à ceux qui luttent et sont tentés de tourner le dos à la vie : tournez-vous vers Marie ! Dans le sourire de la Vierge se trouve mystérieusement cachée la force de poursuivre le combat contre la maladie et pour la vie. Auprès d’elle se trouve également la grâce d’accepter, sans crainte ni amertume, de quitter ce monde à l’heure voulue par Dieu. » Benoît XVI
Dire les oui de la TSVM.
Dire oui à la vie : la TSVM se reçoit de Dieu. Elle reconnaît ce qui la lie à Lui, tout ce qu’elle lui doit. Elle ne se prend pas pour ce qu’elle n’est pas ; elle s’étonne même de la salutation de l’ange. Elle illustre parfaitement la phrase de St Paul : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? et si tu l’as reçu pourquoi t’en enorgueillir. » Non, en Marie point d’orgueil. Elle répare par son humilité l’orgueil d’Adam et Eve, l’orgueil de tout homme qui veut se faire Dieu en oubliant d’où il vient et qui il est.
Dire oui à la volonté de Dieu. « Je suis la servante du Seigneur. » Quand Dieu crée, Il ne joue pas aux boules… Il nous soutient constamment dans la vie. Nous sommes dans la main de Dieu. Se retirer de sa main, c’est se retirer de la vie, retomber dans le néant. Nous le faisons à chaque fois que nous nous détournons de la volonté de Dieu. Car Dieu ne veut que notre bien.
Dire oui à la création. A notre création, à notre recréation en ce Noël. La conversion à laquelle nous sommes appelées est une conversion à l’écologie intégrale, c’est-à-dire humaine et divine.
Marie dit oui à ce qu’elle est. Elle ne se renie pas elle-même. « Comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge ? » et veut le rester. Elle a choisi librement de se donner à Dieu, d’être consacrée à Lui. Elle se réalise dans ce choix.
Notre fidélité quotidienne, le oui au devoir de chaque instant, est un chemin de paix et d’amour. Dieu attend notre oui, ce « oui » qui sera pour nous source de bonheur.
Portons tous nos petits « oui » dans le grand « oui » que le Christ prononce en entrant dans le monde, ce « oui » qu’il redit à chaque messe pour être avec nous.
Homélie du 3ème Dimanche de l’Avent |
O homme ! Que dis-tu de toi-même ? Cette question posée à st Jean-Baptiste vaut pour chacun de nous. Que dis-tu sur toi ? et que dis-tu des autres ? Pour qui nous prenons-nous ou pas ?
Jean Le Baptiste ne se trompe pas sur sa qualité : « je ne suis pas la lumière. » Il s’efface devant Jésus, il se contentera de Lui préparer le chemin (ce qui n’est pas rien !), il ne retient pas ce qui ne lui appartient pas ; il ne s’enferme pas dans une illusion, il sera au service de la mission qui est la sienne mais qui n’est pas pour lui, une mission qu’il n’a pas choisie mais qu’il a entièrement reçue.
La première étape de toute vraie guérison intérieure consiste à accueillir sa propre histoire, c’est-à-dire à faire de la place en nous-mêmes y compris à ce que nous n’avons pas choisi dans notre vie. (Lettre pour l’institution de l’Année St Joseph)
La question se pose à tout âge de la vie, et à toute époque. Elle se pose d’une manière cruciale lorsque l’homme ne sait plus trop où il en est, lorsqu’il doute de lui-même, lorsqu’il a perdu la boussole de son humanité. L’homme contrairement à l’animal se pose des questions, élabore une image de lui-même au cours de son enfance et de son adolescence, trouve un sens à sa vie ou en éprouve le besoin. Oui, comme le dit la chanson, que c’est long pour faire un homme. C’est long en chacun d’entre nous mais c’est aussi donné dès le départ : l’humanité nous est commune, elle est une nature. La nature humaine est ce qui nous est commun. A nous de la découvrir, à nous de vivre à la hauteur de notre humanité.
C’est pour nous rendre à nous-mêmes, à notre humanité aimée de Dieu, que Jésus est venu, qu’Il vient. Il s’est mis à notre hauteur, Lui Dieu infiniment grand et haut. Il ne nous toise pas, Il se tient à nos côtés. Quand l’arbalète a été inventée, l’Eglise en a interdit l’usage car celui qui tirait ne voyait pas le visage de sa victime : il n’avait pas pour lui visage d’homme, il ne pouvait pas le reconnaître comme faisant partie de sa même humanité. Combien d’hommes et de femmes, d’enfants à naître, n’ont pas visage d’homme pour notre monde ? La manière dont nous traitons les autres et aussi la manière dont nous nous traitons nous-mêmes, la manière avec laquelle nous nous considérons.
Noël vient nous rendre notre visage humain, notre visage d’enfant de Dieu. En contemplant l’Enfant de la crèche puissions-nous retrouver le sens de notre humanité, puissions-nous le reconnaître en chacun de nos prochains. Dieu se fait proche de nous, ne restons pas loin de ce que nous sommes et qu’Il vient nous rendre : notre humanité.
Le pape vient d’instituer une Année St Joseph du 8 décembre 2020 à la même date 2021. Bien des fois, en lisant les “Évangiles de l’enfance”, on se demande pourquoi Dieu n’est pas intervenu de manière directe et claire. Mais Dieu intervient à travers des évènements et des personnes. Joseph est l’homme par qui Dieu prend soin des commencements de l’histoire de la rédemption. Il est le vrai “miracle” par lequel Dieu sauve l’Enfant et sa mère. Le Ciel intervient en faisant confiance au courage créatif de cet homme qui, arrivant à Bethléem et ne trouvant pas un logement où Marie pourra accoucher, aménage une étable et l’arrange afin qu’elle devienne, autant que possible, un lieu accueillant pour le Fils de Dieu qui vient au monde. Devant le danger imminent d’Hérode qui veut tuer l’Enfant, Joseph est alerté, une fois encore en rêve, pour le défendre, et il organise la fuite en Égypte au cœur de la nuit.
Une lecture superficielle de ces récits donne toujours l’impression que le monde est à la merci des forts et des puissants. Mais la “bonne nouvelle” de l’Évangile est de montrer comment, malgré l’arrogance et la violence des dominateurs terrestres, Dieu trouve toujours un moyen pour réaliser son plan de salut. Même notre vie semble parfois à la merci des pouvoirs forts. Mais l’Évangile nous dit que, ce qui compte, Dieu réussit toujours à le sauver à condition que nous ayons le courage créatif du charpentier de Nazareth qui sait transformer un problème en opportunité, faisant toujours confiance à la Providence.
Si quelquefois Dieu semble ne pas nous aider, cela ne signifie pas qu’il nous a abandonnés, mais qu’il nous fait confiance, qu’il fait confiance en ce que nous pouvons projeter, inventer, trouver. Dieu ne prend pas notre place, Il nous la redonne, et Il nous accompagne, nous nourrit de Lui, nous fortifie et nous met en confiance.
Homélie du 2ème Dimanche de l’Avent
La conversion, c’est comme un gps qui fait un nouveau calcul ; nous avons quitté la route, il fait tout pour nous ramener à destination.
Par le baptême nous avons reçu la vie nouvelle du Christ. Mais nous portons cette vie dans des vases d’argile ; cette vie peut être affaiblie ou même perdue par le péché. Nous nous égarons ou nous ne mettons pas toutes nos capacités au service de l’Evangile, de son amour. Alors le Seigneur ne se satisfait pas de cela, Dieu ne se réjouit jamais de nos égarements, Il nous cherche encore et toujours. Jésus, médecin de nos âmes et Sauveur de nos vies, a voulu poursuivre son ministère de guérison par l’Eglise en lui confiant le second baptême : le sacrement de pénitence et réconciliation.
Ce sacrement où nous sommes pardonnés est aussi appelé sacrement de la conversion puisqu’il réalise sacramentellement l’appel de Jésus à la conversion, la démarche de revenir au Père dont on s’est éloigné par le péché. (cec 1423) C’est en prenant conscience du don extraordinaire de la vie reçue au baptême et de celui de l’union à Jésus dans l’Eucharistie que nous pouvons saisir que le péché est une chose exclue pour le disciple de Jésus. Quand j’aime vraiment quelqu’un je ne peux supporter ce qui lui fait mal, je ne peux m’habituer à le blesser. Notre sensibilité à Jésus dépend de notre amour pour Lui.
La conversion au Christ, la nouvelle naissance du Baptême, le don de l’Esprit Saint, le Corps et le Sang du Christ reçus en nourriture, nous ont rendu » saints et immaculés devant lui « , comme l’Église elle-même, épouse du Christ, est » sainte et immaculée devant lui « . Cependant, la vie nouvelle reçue dans l’initiation chrétienne n’a pas supprimé la fragilité et la faiblesse de la nature humaine, ni l’inclination au péché que la tradition appelle la concupiscence, qui demeure dans les baptisés pour qu’ils fassent leurs preuves dans le combat de la vie chrétienne aidés par la grâce du Christ. Ce combat est celui de la conversion en vue de la sainteté et de la vie éternelle à laquelle le Seigneur ne cesse de nous appeler. (cec 1426)
La rencontre avec Jésus change tout. Comme pour cette femme de 40 ans qui avait l’impression d’avoir perdu son temps mais surtout d’avoir perdu sa vie avant de découvrir l’Evangile et de demander le baptême. Une vraie conversion ! S’il y a une première conversion pour celui qui découvre l’Evangile et demande le baptême, il existe une seconde conversion qui est la tâche de tous les chrétiens, une tâche jamais finie, une tâche qui parcourt notre vie et qui ne se finira qu’à notre dernier souffle. Elle est, cette tâche, pour toute l’Eglise qui » enferme des pécheurs dans son propre sein » et qui » est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et qui poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement « . Cet effort de conversion n’est pas seulement une œuvre humaine. Elle est le mouvement du » cœur contrit » attiré et mû par la grâce à répondre à l’amour miséricordieux de Dieu qui nous a aimés le premier. (cec 1428)
C’est pourquoi la conversion ou pénitence est d’abord une disposition du cœur. C’est le cœur de celui qui aime, une réorientation radicale de toute la vie, un retour, une conversion vers Dieu de tout notre cœur, une cessation du péché… avec une répugnance envers les mauvaises actions que nous avons commises. (cec 1431) C’est en voyant l’amour de Dieu pour nous que notre cœur est touché et que nous prenons en horreur ce qui l’offense. Celui qui aime prend soin des détails, comme un artisan, un artiste, qui finit son travail avec précision. Il ne s’accommode pas d’un petit défaut… vous n’achetez pas une voiture neuve avec une rayure.
Si nous avons la pénitence intérieure elle se manifestera par des actes extérieurs, des actes qui expriment la conversion par rapport à soi-même (une purification de notre être, l’examen de conscience, la confession), par rapport à Dieu (la prière, l’écoute assidue de sa Parole) et par rapport aux autres (l’aumône aux pauvres, le souci du salut du prochain).
Nous trouvons dans cette eucharistie la source de notre conversion, de la pénitence : en elle Jésus rend présent son sacrifice qui nous réconcilie. L’offense à Dieu a besoin d’être lavé, la communion avec Lui rétablie. C’est le rôle du sacrement de réconciliation et de pénitence. Et par là même c’est dans la communauté, l’Eglise, que le pécheur est réintégré. Jésus l’a admirablement exprimé en se mettant à table avec les pécheurs. Il a touché leur cœur, Il se sont convertis.
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