Le don de la vie, le don de la création.
Dieu nous a confié de grands trésors… le premier étant la Création, c’est-à-dire la vie sur la terre… Toute vie est bénie et toute vie est précieuse parce qu’elle est d’abord un don de Dieu. Si bien qu’au commencement la vie sur la terre et le Royaume se confondent, ne font qu’un. Le jardin d’Eden ou la vigne sont l’image de cette harmonie, cette paix, cette amitié dans laquelle Dieu nous a créés et dans laquelle Il nous recrée. Une harmonie, une paix et une amitié qu’il est encore possible de vivre, même imparfaitement dans l’état de voyageur où nous sommes, à condition de laisser à Dieu sa place, de ne pas nous comporter comme le centre du monde. La Création est toujours liée à Dieu : nous n’en sommes pas les propriétaires mais les dépositaires. Dieu n’abandonne pas sa Création : nous avons, nous autres hommes, à Lui rendre des comptes, à Lui remettre le fruit qui Lui appartient en prenant soin de toute vie.
Les déserts extérieurs s’étendent parce que les déserts intérieurs sont de plus en plus grands. Lorsque l’homme oublie qui il est, d’où il vient, lorsqu’il oublie ce qu’il a reçu et prétend être à l’origine de la vie, il quitte sa place et exerce un pouvoir destructeur pour l’humanité et pour la création.
La vie n’est pas aimée parce qu’elle n’est pas reçue inconditionnellement, parce qu’elle est détruite, parce qu’elle est manipulée. Saurons-nous nous réveillés ? Saurons-nous dire « non » à cette mainmise de plus en plus grande sur la vie ?
Nous pouvons connaître la théorie mais nous avons du mal à passer à la pratique. Jésus nous invite à la cohérence : Il est passé, Lui, en faisant le bien. Nous pouvons L’imiter, Lui qui tire ses exemples si souvent de la nature qui L’entoure, Lui qui voit le petit et le met au milieu de l’attention de tous. Jésus sait reconnaître l’enfant, voir le figuier, contempler les champs de blé, connaît la vie des brebis. Tout commence par un émerveillement qui conduit à la reconnaissance, et de la reconnaissance naît le respect.
La manière dont nous vivons est un enseignement. C’est la raison pour laquelle saint François a tant marqué les esprits de son époque et que son héritage perdure à travers toutes les époques. Là où les fruits sont bons, là se transmet un héritage pour le Royaume.
La famille est une école de cohérence, une école du service. C’est là que s’apprennent les gestes qui nous lient les uns aux autres et nous relient à toute la création. Les premières relations prennent naissance dans la famille, des relations qui ne sont pas commandées par l’égoïsme, l’intérêt. Nous sommes confiés les uns aux autres. Nous avons à retrouver ce sens de la famille. Les grandes pauvretés sont souvent liées à l’absence de la famille. « Eliminer des vies humaines n’est pas une politique acceptable pour protéger la planète ». Le Saint-Siège met en garde contre les « choix euthanasiques masqués ». Et il propose de « valoriser le lien intrinsèque entre la défense de la création et la défense des pauvres, là où les pauvres sont aussi les embryons, les petits, les malades, les personnes seules et les personnes âgées ».
Saint François a eu ce sens de la relation en l’étendant à tous les hommes de la terre, en la vivant aussi avec les créatures non douées de raison et de volonté comme nous. Le fait que nous ayons une conscience nous donne une plus grande responsabilité. Mais notre conscience n’est pas indépendante, auto-alimentée par nous-mêmes (c’est-à-dire souvent par l’assouvissement de nos caprices, de nos désirs immédiats). Ne jetons pas Dieu en dehors du monde, ne vivons pas comme s’Il n’avait rien à nous dire, rien à nous apprendre.
Depuis toujours les théologiens disent que Dieu nous parle dans la création. Il y a un langage à déchiffrer dans le ciel puisque les astres obéissent en gardant leur orbite, dans le monde animal et végétal où tout s’organise merveilleusement depuis des millénaires, dans l’image et ressemblance au Créateur que chaque homme porte en lui-même
C’est comme créatures que nous nous présentons avec le pain et le vin à Dieu dans la liturgie de la Messe. Nous nous présentons avec ce que nous sommes, avec ce que nous faisons aussi chaque jour, avec toutes les relations que nous tissons dans ce monde que Dieu a fait et veut bon. C’est « le temps de choisir ce qui compte et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas. »
Abbé Pierre PEYRET
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