Comment sommes-nous entrés au désert du carême depuis 5 jours déjà ? Nous aussi l’Esprit nous conduit à prendre ce chemin une fois par an. Il nous conduit mais Il ne nous contraint pas. Nous seuls pouvons Lui correspondre. Etre chrétien, c’est accompagner Jésus, et maintenant L’accompagner au désert. Le désert est le lieu de la rencontre, le lieu de l’intériorité ; il nous permet de rencontrer Dieu, de L’écouter, de L’accueillir dans notre vie… pour remettre notre vie dans la bonne direction, poursuivre le chemin jusqu’au terme.
Si le désert est un lieu vide, il est surtout un espace ouvert : il nous permet de nous remplir, d’ouvrir notre cœur, notre vie intérieure pour que Dieu puisse la remplir de sa présence. Le désert nous détache du superflu, de ce qui n’est pas vraiment nécessaire, des attachements désordonnés.
Au début de ce carême il est important que nous nous créions chacun cet espace, que nous trouvions notre désert personnel qui permettra cette rencontre : un lieu, un temps, un moment où faire taire tous les bruits extérieurs, tout ce qui nous sollicite sans cesse et nous éloigne du cœur de notre vie.
Le désert est le lieu du silence et de l’écoute qui seul permet la conversion : « Mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entraîner au désert, et Je lui parlerai cœur à cœur. » dit le Seigneur en Osée. Jésus vit ce cœur à cœur avec son Père et Il désire nous y faire entrer. Nous devons voir le désert comme un refuge sûr, un abri intérieur qui nous protège parce qu’il nous construit. Au temps de la persécution le désert devient un refuge : David s’y rend quand le roi Saül veut le tuer ; le prophète Elie part au désert pour sauver sa vie ; la femme de l’Apocalypse aussi face au dragon qui veut dévorer son enfant. N’ayons pas peur du désert, n’ayons pas peur du silence, de lâcher nos smartphones, d’éteindre la télévision et l’ordinateur, n’ayons pas peur de nous libérer de nos dépendances.
Nous serons alors attentifs à l’Esprit, le guide intérieur. Il nous rappellera tout ce que Jésus nous dit. Face au diable, Jésus répond toujours avec la Parole de Dieu. Il ne prend pas un moyen extraordinaire, il nous apprend comment facilement orienter notre vie, ce moyen est à notre portée. Le carême nous invite à nous mettre toujours à cette école de Jésus. Cela nous demande simplement d’exercer quelques vertus.
Sans les tendons et les muscles nous ne serions qu’un tas d’os ! Affaissés. Ce qui fait l’unité de notre être, ce qui tend notre esprit et notre corps vers le bien s’appelle vertu. Les vertus nous disposent au bien, elles dirigent nos passions, elles tempèrent nos pulsions. Y a-t-il un homme dans ce corps ? Nous comportons-nous en humains ? Ou sommes-nous comme l’animal livrés à nos instincts, nos bas instincts ?
Ce qui tend notre être vers Dieu, Bien suprême, s’appelle vertu théologale. La première est la foi, seul moyen pour nous approcher de Dieu, seul moyen pour Le « saisir », car je ne peux Le toucher par mes sens, je ne peux pas me L’accaparer. « Si nous avions la foi nous verrions Dieu de partout. » Ste Bernadette. Nous l’avons ! Et, c’est pourquoi nous allons aller à sa rencontre durant ce carême dans notre désert, ce désert qui est la condition pour exercer la foi, pour rencontrer Dieu dans notre vie de chaque jour.
La liturgie parle de l’entraînement du carême, un entraînement ne se fait jamais d’un seul coup, en un jour. L’entraînement est un acte répété jusqu’à ce qu’il nous devienne familier, facile. C’est exactement la définition de la vertu : une disposition qui rend facile l’accomplissement du bien. Plus nous faisons le bien, plus il nous est facile de le faire, nous acquérons une agilité pour le bien de telle sorte que toutes les occasions deviennent favorables, mêmes les imprévues, celles qui pourraient nous dérouter parce que nous y sommes confrontés pour la première fois.
Le carême dure quarante jours pour installer en nous de vraies vertus, une « habitude » pour le bien. Quarante jours, c’est long… mais c’est bon… et nécessaire : Dieu ne nous demande pas des actions d’éclats, extraordinaires, simplement la fidélité, de petits actes répétés avec et par amour.
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