Année de la famille 3
Je voudrais m’adresser à tous, comme Jésus s’adresse à chacun en désirant pour lui le bonheur que seul Dieu peut donner. L’Evangile précise que le lieu de ces noces est en Galilée qui signifie « passage » : Dieu veut nous faire passer de la tristesse à la joie, de la loi à la grâce. Puisque « Cana » signifie ferveur, passons à la vie de la grâce avec ferveur. Le miracle des Noces de Cana nous parle de la joie du Salut, la joie que Jésus apporte quand nous Lui permettons d’agir dans nos vies, d’y réaliser de nouveau les signes de sa Présence que les sacrements renouvellent sans cesse.
Aux noces de Cana il y a les jeunes époux dont la vie matrimoniale commence et il y a tous les autres. Tous ceux qui sont venus se réjouir avec les nouveaux époux. Tous ceux qui veulent partager ce moment de joie et, simplement, vivre en relation avec les autres. Ceux aussi dont la vie du mariage a cessé, les veuves et les veufs ; ceux qui sont séparés. Ceux encore qui sont seuls. Tous sont venus partager la joie des nouveaux époux, tous ont bu le vin de la fête qui est venu à manquer. Quand le vin vient à manquer, c’est le signe que la joie de la fête disparaît ; c’est l’amour qui est menacé. La joie ne vient pas du vin ! Elle vient de la présence agissante de Dieu dans nos vies, elle vient des relations vraies que nous tissons entre nous, avec Dieu et avec les autres. C’est pour chacun de nous, tous ces hommes et femmes qui partagent la même humanité, que Jésus change l’eau en vin.
Le meilleur amour, l’amour qui dure et ne passe pas, ne doit faire défaut à personne. Ce n’est pas un amour construit, dont l’homme serait l’origine et l’auteur. C’est un amour reçu. Jésus en est l’époux. D’une manière particulière le mariage est l’image de l’amour Dieu pour l’humanité.
Jésus reprend et conduit à sa plénitude le projet divin. Dieu a un projet pour l’humanité, pour l’homme et la femme. « Tout ce que Dieu a créé est bon » 1 Tm 4,4 Le mariage est un don, à protéger. AL61 L’indissolubilité n’est pas un joug, un poids mais un don. L’amour est fait pour durer. La grâce de Dieu guérit et transforme le cœur endurci. En se faisant homme Jésus montre le chemin pour retrouver le projet originel. AL62
Il est donc nécessaire de s’ouvrir à la grâce, au don de Dieu, à l’action de Dieu dans notre vie, c’est-à-dire essentiellement dans nos cœurs. Dieu n’agit pas sur nous, êtres humains, de l’extérieur. « Faites tout ce qu’il vous dira. » Si nous n’adhérons pas à ce que Dieu nous dit, si nous ne voulons pas le faire, il ne se passera rien.
En Jésus, la famille et le mariage sont restaurés à l’image de la Sainte Trinité et reçoivent la grâce nécessaire pour témoigner de l’amour divin et vivre la vie de communion. AL63 Il n’est pas sans importance, ni fortuit ni anodin, que ce soit lors d’un mariage que Jésus inaugure sa mission publique avec son premier miracle. Dieu prend au sérieux l’amour humain, Il aime les familles et désire leur bonheur : Il est venu au monde dans une famille ; Il fréquente et s’invite dans les familles de Lazare et de Pierre ; Il est rempli de compassion à l’égard de celles qui traversent des épreuves (veuve de Naïm) ; Il est miséricordieux à l’égard de la Samaritaine ou de la femme adultère chez qui la perception du péché se réveille face à l’amour gratuit de Jésus. AL64
Toute famille, malgré sa faiblesse, peut devenir une lumière dans l’obscurité du monde » en imitant la sainte famille, son amour et sa fidélité. AL66
L’Église se tourne avec amour vers ceux qui participent à sa vie de façon imparfaite (Fidèles qui vivent en concubinage, ceux qui ont contracté seulement un mariage civil, les divorcés remariés) : elle invoque avec eux la grâce de la conversion, les encourage à accomplir le bien, à prendre soin l’un de l’autre avec amour et à se mettre au service de la communauté dans laquelle ils vivent et travaillent […]. Quand l’union atteint une stabilité visible à travers un lien public – et qu’elle est caractérisée par une profonde affection, par une responsabilité vis-à-vis des enfants, par la capacité de surmonter les épreuves – elle peut être considérée comme une occasion d’accompagner vers le sacrement du mariage, lorsque cela est possible. AL78
Dans Amoris Laetitia (79), les évêques et le Pape donnaient un principe général : par amour de la vérité bien discerner les diverses situations. Il s’agit d’exprimer clairement la doctrine et d’éviter des jugements qui ne tiennent pas compte de la complexité. Ce qui est difficile, c’est de tenir les deux termes. Nous sommes souvent pressés, comme la Vierge Marie qui veut voir se réaliser le Salut qu’apporte son fils. Soyons patients ! Ce n’est pas en vain que Jésus répand encore son Sang nous donnant le signe de son amour inépuisable.
Abbé Pierre PEYRET
Comments are currently closed.