Un Avent dans la foi célébrée
3ème d’Avent « Je ne sais pas quoi faire ! » Peut-être est-ce ainsi que les enfants parlent parfois. « Je m’ennuie. » Mais en disant cela, vous ne vous attendez pas à ce qu’on vous envoie faire quelque chose que vous n’avez pas envie de faire ! Nous sommes prêts à faire ce que nous avons décidé de faire, ce que nous voulons bien.
La question qui revient dans l’Evangile n’est pas celle de quelqu’un qui ne sait pas quoi faire mais de quelqu’un qui veut progresser dans son chemin vers Dieu : « Que devons-nous faire ? » Voici des personnes qui sont parties de chez elle et qui sont disposées à agir pour ce qui en vaut la peine. Elles viennent recevoir un conseil, une mission pour bien vivre. Elles se rendent disponibles à réaliser quelque chose de plus grand, de meilleur. Elles sont prêtes à passer à l’action, à transformer leur vie.
Le chemin de la conversion demande de correspondre à la volonté de Dieu et d’être prêt à s’engager. Il ne suffit pas de le faire une fois en passant. Il s’agit d’engager tout son être, toute sa personne.
« Que devons-nous faire ? » C’est toujours la même question que posent la foule, les collecteurs d’impôt ou les soldats : ils montrent la même disposition dans des métiers, des situations différentes. Le Seigneur nous appelle tous dans notre vie, là où nous sommes, avec ce qui remplit nos journées. C’est là que grandit le Royaume de Dieu ; c’est là que Dieu est servi.
C’est le propre de la vertu quand elle est possédée de s’exprimer à tout moment. Elle est toujours disposée au bien. La vertu permet de réaliser le bien en toutes choses. Elle s’adapte à toutes les situations, celles que nous appelons bonnes ou celles qui nous semblent à première vue mauvaises, situations favorables ou contraire. On peut nous attaquer, mal nous parler mais si nous avons la vertu de patience nous ne perdrons pas la paix, nous garderons notre calme. Notre patience attendait cette circonstance pour s’exercer. Nous n’avons pas changé, la situation a révélé ce qui était en nous.
Le 1er dimanche de l’Avent en citant le concile Vatican II nous avions découvert que la liturgie a une vertu propre à elle. L’invitation était d’« Être imprégné de l’esprit et de la vertu de la liturgie. » La liturgie nous rend vertueux ; elle nous dispose au bien, un bien à la mesure de Dieu capable d’imprégner toute notre vie. A nous d’être des éponges dans la liturgie pour nous laisser imprégner du bien de Dieu.
Les vertus ne s’acquièrent pas malgré nous ou sans nous. Nous devons apprendre à entrer et à vivre la vertu de la liturgie. Servir, être prêts, disposés à entrer dans la liturgie, ce qu’elle induit.
La liturgie de manière toute particulière est un bien de l’Eglise, l’expression la plus haute de sa foi. Elle est le culte divin. Rendre un culte à Dieu, c’est Le reconnaître, L’honorer comme il convient mais aussi cultiver notre cœur comme on cultive un champ pour qu’il porte de beaux fruits. Mais comme nous ne sommes pas des anges, nous avons un corps, notre corps participe à cette liturgie. La liturgie est incarnée. Nous qui sommes la religion de l’incarnation nous ne pouvons bouder le corps.
La liturgie unit le culte intérieur et le culte extérieur : nous chantons, nous lisons et écoutons la Parole de Dieu qui résonne à nos oreilles. Nos cordes vocales et nos tympans vibrent. Nous sommes debout et assis ; nous nous inclinons et nous nous mettons à genoux. Pas n’importe quand ou à notre guise. Là aussi la pédagogie de la liturgie est en marche. Le nouveau Missel dans sa rédaction met certaines positions en relief.
Alors que nous nous apprêtons à célébrer l’incarnation, la venue de Dieu en notre chair, incarnons davantage et mieux notre foi, notre reconnaissance à Dieu : par l’inclination de notre buste au moment du credo quand nous disons (ou entendons) « par l’Esprit-Saint Il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme. », par l’adoration à genoux au moment où Dieu s’abaisse à notre hauteur. Ce n’est sûrement pas une négation de la Résurrection que de se mettre à genoux, c’est une exaltation de la présence de Dieu pour nous, une reconnaissance ajustée. A nous de découvrir, retrouver le sens de ce qui s’exprime par notre corps. Nous ne sommes pas un peuple à la nuque raide, nous ne voulons pas l’être.
1er d’Avent « Restez éveillés et priez en tout temps. » Ce nouvel Avent nous offre un nouveau commencement. La vie est toujours un commencement, une surprise. Il y a deux manières de surprendre : en faisant peur (et Jésus ne veut pas que ses disciples y soient comptés) ou en offrant un cadeau. L’Avent nous prépare à recevoir de nouveau ce cadeau… Vous avez reçu le cadeau de la foi… avec ses 4 dimensions (foi crue, célébrée, vécue, priée).
La foi se vit de manière concrète… elle est immuable et elle épouse les changements de notre vie. Jésus nous invite à L’accueillir, Lui, car Il vient, et c’est par la foi vivante que nous L’accueillons. A nous d’être prêts, de rester éveillés, d’être attentifs.
L’Avent nous éveille à 3 venues de Dieu dans notre monde, dans notre vie. La foi nous fait les reconnaître.
A la faveur de la parution du nouveau missel qui sert à la célébration de la Sainte Messe, je voudrais que nous approfondissions ensemble la 3ème dimension de la foi, la foi célébrée. Dans la liturgie de l’Eglise, sa manière de célébrer, la foi s’exprime de manière vivante. Le Concile Vatican II invite à « Être imprégné de l’esprit et de la vertu de la liturgie. » Il existe une pédagogie de la liturgie, elle nous apprend, elle nous transmet les vérités de la foi, elle nous les fait vivre. La liturgie interroge notre cœur sur notre accueil de Dieu dans notre vie.
« La liturgie, en elle-même, n’est pas seulement une prière spontanée, mais quelque chose de plus et de plus originel : c’est l’acte qui fonde l’expérience chrétienne tout entière… Le Christ se rend présent… il en découle pour nous chrétiens, la nécessité de participer aux divins mystères. J’oserais dire qu’un christianisme sans liturgie est peut-être un christianisme sans le Christ. » Pape François
La liturgie est là pour manifester un mystère, le mystère de Dieu qui nous aime, nous attend et se donne à nous pour que nous vivions de Lui. Elle est Vie et non une idée à comprendre. Les rites manifestent qu’on est dans un autre ordre : les déplacements lents, les habits, les chants, l’encens… Il s’agit d’une rencontre entre Dieu et son Peuple. C’est toujours nouveau quand on aime même si ce sont les mêmes mots que l’on dit. Il faut nous laisser surprendre toujours. Chaque chrétien devrait se demander souvent s’il est conscient de la valeur de la liturgie. C’est l’action du Christ total, c’est-à-dire de Jésus-Christ avec son Corps qui est l’Eglise. La foi se trouve formulée et magnifiée.
Le changement de traduction est une chance et une opportunité pour nous renouveler, pour renouveler notre attention. Nous ne pouvons vivre mécaniquement, par habitude… Fais attention à ce que tu dis, qui le dit, à qui tu le dis. Sois conscient des vérités que tu proclames, sois cohérent avec les vérités que tu annonces. Toute notre vie doit rentrer en résonance avec la liturgie (vibrer ! Comme le pont que des soldats traversent en marchant au pas). Elle convoque tout notre être, notre corps, notre voix, notre cœur, notre affection…
La liturgie rend présent et actuel les mystères du Christ mais c’est surtout nous qui devons Lui être présent. La seule manière pour que cela soit possible est que notre participation soit pleine, consciente et active. Demandons au Seigneur cette détermination, « l’envie d’avoir envie » dirait un chanteur. Restons éveillés et prions avec toute l’Eglise, avec le Christ rendu présent dans ses mystères.
Abbé Pierre PEYRET
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