Le Christ Roi
Est-ce que vous vous battez parfois ? est-ce que vous utilisez la violence, des cris, des coups peut-être, des manières de faire peur pour vous imposer ? Ce n’est pas la manière de Jésus d’être roi, ce n’est pas une manière juste ni d’agir ni de gouverner. Jésus dit la vérité, Il rend témoignage à la vérité par tout ce qu’Il est et fait ; la vérité n’a pas besoin d’autres forces que celle de la vérité : la vérité est sa propre force et finit toujours par s’imposer malgré ceux qui la nient.
Range ton épée ! Le plus grand est celui qui sert. Chasse les démons par le doigt de Dieu. Voilà ce que Jésus dit et fait pour établir son Royaume, pour être Roi. Recourir à la violence n’est pas le chemin de la paix. La plus grande violence est de donner la mort, et c’est ce que l’on va faire à Jésus ; c’est encore ce que l’on fait à l’innocent. Quand Jésus dit que son Royaume n’est pas de ce monde, Il veut dire que son Royaume ne s’établit pas sur un pouvoir politique ou une domination technique combien même se parerait-elle du savoir de la science (science sans conscience n’est que ruine de l’âme).
Jésus a été arrêté et on l’accuse faussement de vouloir s’opposer à l’empereur César. Il est face à Pilate, le représentant du pouvoir politique, et Il invite Pilate à se mettre face à la vérité, face à sa conscience qui est capable de percevoir la vérité et d’agir selon la justice. Pilate sait que César n’a pas à craindre pour son trône, agira-t-il alors selon la vérité ? La conscience n’est pas la source du bien et du mal, ce n’est pas elle qui édicte la norme morale, elle ne crée pas la vérité, elle la connaît et la reconnaît.
C’est ce que Jésus affirme :
« Je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » La conscience est cette voix intérieure attentive à la vérité. La vérité ne nous appartient pas, nous devons, nous, lui appartenir. La conscience signifie que l’homme est capable de la vérité ; nous sommes capables de la reconnaître et de l’accueillir dans notre vie. Il en va de notre dignité.
Nous ne devons pas confondre la conscience avec l’opinion personnelle, le sentiment subjectif, l’entêtement ou l’intérêt du moment.
« Tout le monde le fait » ou « La loi le permet » n’est pas le critère ultime de la vérité. Le bien ne dépend pas de la majorité ou d’une loi inventée par l’homme. N’ayons pas la naïveté de croire que nous ferons le bien en suivant nos penchants individuels ou collectifs (l’orgueil, la sensualité, la commodité ou le caprice…). Nous ferons le bien en suivant une loi dont nous ne sommes pas les créateurs. Pilate n’a pas su être ferme dans le bien et la justice ; il a fait condamner Jésus alors qu’il le savait innocent.
« Dans une culture technologique où les peuples sont habitués à dominer la matière… afin de la transformer, le danger apparaît que l’on veuille aussi manipuler la conscience et ses exigences. Dans une société qui soutient qu’aucune vérité universellement valable n’est possible, rien n’est absolu. Le bien est ce qui est agréable ou utile à tel moment. Le mal, c’est ce qui contredit nos désirs subjectifs… ne cédez pas à cette fausse moralité diffuse… Dieu vous a donné l’intelligence pour connaître la vérité… il vous a donné la lumière de la conscience pour guider vos décisions morales. » JPII Denver 1993
Jésus sera toujours du côté de la vérité, et au côté de l’innocent que l’on veut tuer. La plus grande violence est de donner la mort. L’enfant à naître, la personne en fin de vie, font partie de ces innocents ; ils sont l’homme à protéger et non pas un objet à supprimer ; l’être humain est un sujet et non un objet. Un objet, on peut le manipuler. Mais quand l’homme est soumis à la manipulation, jusqu’à lui enlever la vie, il est normal que notre conscience se rebiffe et qu’elle s’élève comme un homme contre cette tentative de réduire l’homme à l’état de chose. Pour cela il faut que nous ayons une conscience et que notre conscience ne soit pas anesthésiée.
Depuis quelques années déjà, au parlement européen ou à l’assemblée nationale de notre pays, la possibilité de l’objection de conscience est combattue comme quelque chose de subjectif, qui serait une convenance personnelle à l’encontre d’un droit des autres. C’est le contraire qui est vrai : la conscience est droite parce qu’elle s’attache à une norme universelle qui respecte le bien de tous et de chacun. C’est l’honneur d’un peuple et de ses représentants de défendre cette conscience, de respecter la liberté des consciences.
Abbé Pierre PEYRET
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