Toussaint 2020
Nous serions heureux de nous trouver devant Jésus, de voir les traits de son visage, de le regarder et de nous laisser regarder par Lui. Mais il y a plus important que la taille ou la couleur des cheveux, c’est la capacité à faire le bien, le pouvoir d’aimer, le salut qu’Il nous apporte, la Vie qu’Il nous donne.
Le portrait de Jésus nous l’avons devant les yeux ; nous venons de l’entendre. On l’a souvent dit : les béatitudes, toutes ces phrases de Jésus qui commencent par « Heureux » nous Le décrivent, c’est son portrait véritable, une biographie intérieure. Le pauvre qui mendie notre amour, c’est Lui. Il s’est fait encore plus pauvre de cœur, s’il était possible, en se faisant homme, en s’abaissant dans la Ste Eucharistie Il nous le manifeste. Il s’est engagé pour que règne la justice, pour que chaque homme soit reconnu, respecté de sa conception à sa mort naturelle, et à chaque instant de sa vie. Il a été plein de compassion pour les malades, la veuve qui venait de perdre son fils, Marthe et Marie à la mort de leur frère Lazare. Il a subi le rejet des chefs du Peuple, était en butte à la haine et aux coups qui l’ont conduit à la mort de la Croix. Cela ne lui a pas enlevé ni la joie ni la paix.
Le chrétien aussi a ce portrait. Le chrétien qui porte le nom du Christ Jésus doit pouvoir se regarder, très humblement, dans le miroir des béatitudes. Elles sont la mesure de notre ressemblance avec Jésus, elles décrivent la route à suivre jusqu’à notre dernier souffle, jusqu’à parvenir au Royaume promis. « Soyez joyeux dans l’espérance. » dit St Paul. Nous pouvons être heureux, même au sein de l’épreuve.
Les saints que nous fêtons aujourd’hui reflètent chacune d’entre elles. Ils sont les porte-drapeaux du bonheur que Jésus veut nous donner éternellement. Ils ont suivi le chemin que tracent pour nous aussi les béatitudes. Chaque parole nous est adressée, chaque parole nous concerne, elle attend notre réponse, notre engagement, notre acceptation. Elles sont à vivre dans la situation qui est la nôtre, à cette époque qu’il nous est donnée de vivre, avec les événements choisis, prévus, et ceux dont nous nous passerions bien. Mais c’est pour notre monde à sauver, à aimer que le Seigneur les a dites. C’est pourquoi, n’ayons pas peur, elles contrastent souvent avec nos attentes, notre idée du bonheur. Ce n’est pas d’un bonheur égoïste ou d’île paradisiaque que Jésus nous parle, ni d’une tranquillité que rien ne viendrait troubler. Avant de remporter la couronne de gloire les saints ont menés le bon combat, un combat de lumière, une lutte de paix et de joie. « Ils ont traversé la grande épreuve ». « Ces crises mondiales sont des crises de saints. » Tant que l’Evangile n’a pas transformé les cœurs en profondeur, tant que Jésus n’a pas sa place dans notre vie, chaque jour, le mal poursuit son œuvre. Les saints n’ont pas d’illusion ni de naïveté.
La fête d’aujourd’hui et la commémoration des fidèles défunts demain tourne notre regard vers l’au-delà et nous rappelle que nous n’avons pas de demeure définitive ici-bas. Elles renforcent notre foi en la résurrection. « Si nous ne croyions pas à une vie après la mort, il serait inutile de célébrer la fête des Saints et il serait une simple sentimentalité d’aller au cimetière. A qui rendrions-nous visite et pourquoi allumerions-nous des bougies ou apporterions-nous des fleurs ? » Mais cette vie après la mort nous n’y avons accès qu’à travers cette vie que nous vivons maintenant. Si nos jours sont comptés ce n’est pas pour que nous en fassions la somme, c’est pour les vivre de plus en plus proche de Dieu, unis les uns aux autres.
La Toussaint nous rappelle que notre vie n’est pas sans sens, sans direction. Elle a un but, une destinée : entrer dans la joie de Dieu, vivre notre vie, dès aujourd’hui, pleinement, dans la plénitude de la vie chrétienne, la plénitude de la charité, la vie selon Jésus. Ce n’est pas pour demain, pour après notre mort simplement mais pour aujourd’hui, même si nous savons que c’est dans la fragilité, sur un chemin à parcourir chaque jour, et un chemin qui est étroit, et ici-bas jamais à l’abri d’être chaotique.
Nous avançons plus facilement lorsque nous sommes accompagnés. Les saints sont des amis ; nous en trouverons toujours un qui a vécu notre situation et qui l’a traversé avec foi, sans perdre courage et en y mettant tout l’amour de Dieu possible. Fréquentons ces amis du Ciel et demandons-leur de nous aider. La reine du ciel, la vierge Marie, en fait partie.
Comments are currently closed.