Frères et sœurs bien-aimés de Dieu : nous le sommes vraiment ! Dieu nous le montre sans cesse, dans la bonté de la création, dans l’attention qu’Il nous porte sans cesse. Elle est belle la sensibilité de Dieu à notre égard, une sensibilité pleine d’amour, touchante : « J’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple… Je suis descendu. » Dieu ne reste pas loin, Il s’implique dans l’histoire des hommes, Il vient sur notre terre, Il désire nous faire participer à sa bonté, nous y faire revenir, que nous portions des fruits de bonté dans chacune de nos vies.
Jésus, dans l’Evangile, emploie une image tiré du sol pour nous inviter à la conversion : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le ! À quoi bon le laisser épuiser le sol ?” Le peuple hébreu était opprimé par la puissance de Pharaon et la terre est opprimée par une sorte d’abus. Tout est lié : l’approche écologique et l’approche sociale ; le soin de la terre et le soin des pauvres.
Si Moïse entend la voix de Dieu, c’est parce qu’il a pris le temps de s’arrêter, de regarder un phénomène extraordinaire au milieu d’un buisson. La création nous apprend sur nous-mêmes, nous invite à écouter Dieu : d’un côté, une grande mission pour Moïse, de l’autre une humble tâche pour le vigneron qui cherche à sauver un arbre en en prenant soin et qui nous apprend ainsi à nous amender comme on amende un arbre. Vous me permettrez cette question facétieuse : Comment engraissons-nous dans ce carême ? Comment misons-nous sur un autre style de vie ?
Dieu envoie Moïse chez Pharaon : « Tu feras sortir d’Egypte mon peuple. » afin de le délivrer de l’esclavage, de le conduire à la liberté. De quoi ? De qui devons-nous être délivrés ?
Le pape François a écrit : « Un changement dans les styles de vie pourrait réussir à exercer une pression saine sur ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et social. C’est ce qui arrive quand les mouvements de consommateurs obtiennent qu’on n’achète plus certains produits, et deviennent ainsi efficaces pour modifier le comportement des entreprises, en les forçant à considérer l’impact environnemental et les modèles de production. C’est un fait, quand les habitudes de la société affectent le gain des entreprises, celles-ci se trouvent contraintes à produire autrement. Cela nous rappelle la responsabilité sociale des consommateurs : « Acheter est non seulement un acte économique mais toujours aussi un acte moral ». LS206
Dieu a entendu la misère de son peuple et la terre que foule les pieds de Moïse est sainte : nous devons « reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice… pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres… Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature. » LS139
Le vigneron de l’Evangile accomplit son travail consciencieusement, il prend souci du figuier, il le protège d’une destruction rapide. « La logique qui ne permet pas d’envisager une préoccupation sincère pour l’environnement est la même qui empêche de nourrir le souci d’intégrer les plus fragiles, parce que « dans le modèle actuel de ‘succès’ et de ‘droit privé’, il ne semble pas que cela ait un sens de s’investir pour que ceux qui restent en arrière, les faibles ou les moins pourvus, puissent se faire un chemin dans la vie ». LS196
Entendons cette semaine l’appel à être des consommateurs responsables, conscients du fruit que nous devons porter pour notre monde. La bonté, même celle de nos achats, passe par la proximité, l’équité, l’attention au travail de chacun et à ce qui respecte le mieux la dignité du producteur. Portons dans cette Eucharistie le fruit de la terre et de notre travail, et celui des hommes qui nous aide aussi à bien vivre.
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