Jésus va au désert pour nous ; Il mène le combat contre la tentation pour nous aussi. Nous sommes entrés en carême pour mener ce combat, car le mal nous concerne tous, même s’il cherche à entrer dans nos vies par des portes différentes.
La tentation est un piège mais nous pouvons en faire l’occasion de choisir le bien, de re-choisir la volonté de Dieu, de Le suivre Lui et non pas notre envie, l’accomplissement de nos caprices, de nos désirs.
La 1ère et la 2ème tentation, « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. », « Je te donnerai tout ce pouvoir », que Jésus repousse, nous rappellent que la vie, la Création, est un don de Dieu. Par sa Parole et son seul pouvoir, Dieu a fait le ciel et la terre. Il a donné à notre monde ses lois. La plus petite créature a sa raison d’être dans la grande organisation du monde. Pourtant « nous avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs » et « la violence qu’il y a dans le cœur humain blessé par le péché se manifeste aussi à travers les symptômes de maladie que nous observons dans le sol, dans l’eau, dans l’air et dans les êtres vivants. » LS2
« L’homme ne se crée pas lui-même… Le gaspillage des ressources de la création commence là où nous ne reconnaissons plus aucune instance au-dessus de nous, mais ne voyons plus que nous-mêmes. » Benoît XVI LS6 « Transforme ces pierres en pain » est la tentation la plus grande aujourd’hui avec les progrès de la technique qui nous fait croire parfois que nous pourrions créer la vie, la manipuler à notre guise, la transformer à notre goût. L’homme mais aussi les animaux, les plantes deviennent alors des objets, des choses que je pense pouvoir faire et défaire (si j’écrase une fourmi ; puis-je refaire la même ? pourquoi l’écraser ?).
Il y a quelque chose de très simple que nous pouvons faire et que nous rappelait la 1ère lecture : avoir de la reconnaissance pour les dons que Dieu nous fait dans la Création. C’est le sens du bénédicité, cette petite prière que nous disons au début du repas. Par là nous reconnaissons le bienfait que Dieu nous donne dans la nourriture, le travail des hommes et nous nous rappelons que la nourriture est précieuse. Prier, nous ouvre à qui est dans le besoin.
La technique est fascinante, elle nous éblouit… elle peut nous aveugler. « Les techniques donnent à ceux qui ont la connaissance, et surtout le pouvoir économique d’en faire usage, une emprise impressionnante sur l’ensemble de l’humanité et sur le monde entier. Jamais l’humanité n’a eu autant de pouvoir sur elle-même et rien ne garantit qu’elle s’en servira toujours bien, surtout si l’on considère la manière dont elle est en train de l’utiliser. » LS104
La terre est un don gratuit que nous avons reçu et que nous sommes chargés de transmettre, en la conservant belle. Il nous faut renoncer à vouloir tout avoir, tout dominer. Est-ce que nous acceptons quand nos parents nous disent « non » ? et nous, adultes, acceptons-nous d’avoir des limites ? de nous donner des limites ? « Si la terre nous est donnée, nous ne pouvons plus penser seulement selon un critère utilitariste d’efficacité et de productivité pour le bénéfice individuel. » LS159 Nous devons voir plus loin que la seule facilité, actuelle, pour nous seuls aujourd’hui. Le carême nous invite à revisiter notre manière de consommer, à ne pas entrer dans une course à la technologie en ignorant les conséquences.
Notre monde a besoin de retrouver le sens de l’étonnement, de l’émerveillement, de retrouver son âme. L’homme est bien plus que ce que les mathématiques ou la biologie en dit ou en fait.
Allons au désert avec Jésus : au milieu de la nature qui nous dit la beauté de Dieu ; dans le silence d’une église au pied du tabernacle où nous attend sa présence ; au fond de notre cœur, la chambre la plus retirée. Rencontrons de nouveau Dieu dans l’adoration et l’écoute de sa Parole. Il sera notre force dans la tentation.
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